Malawi

Afrique

PIB / Habitant ($)
567,5 $
Population (en 2021)
22,0 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
D
Précédemment :
D
Précédemment :
D

suggestions

Résumé

Points forts

  • Ressources naturelles (tabac, thé, café, sucre, soja, uranium, niobium)
  • Secteur des services en pleine expansion
  • Société civile active

Points faibles

  • Économie dominée par l’agriculture de subsistance (75% des emplois, mais seulement 23% du PIB), vulnérable aux aléas climatiques et au prix des intrants
  • Insécurité alimentaire, pauvreté extrême (70 % de la population en 2020)
  • Déficit infrastructurel (eau, énergie, transport, éducation, santé) et enclavement géographique
  • Corruption généralisée
  • Lourde dette publique nourrie par un déficit élevé
  • Extrême faiblesse des réserves de change entretenue par un déficit massif des échanges de biens (engrais, carburants, médicaments) et services, malgré les remises des expatriés et l’aide internationale

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
27%
Kenya
15%
Émirats arabes unis
6%
Zambie
6%
Afrique du Sud
5%

Import des biens en % du total

Afrique du Sud 18 %
18%
Chine 16 %
16%
Koweït 11 %
11%
Émirats arabes unis 9 %
9%
Europe 5 %
5%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Une légère reprise n’effaçant pas les difficultés alimentaires

En 2023, Coface prévoit un léger rebond de l’économie locale, certes conditionné à plusieurs améliorations. L’année précédente, l’activité avait été fortement affectée par les destructions liées au cyclone Ana en janvier 2022, les coupures de courant et les retombées de la guerre en Ukraine sur l’économie locale. Le cyclone a notamment endommagé le barrage de Kapichira, fournissant alors un tiers de l’électricité, ainsi que 17 000 hectares de terres cultivées dans le sud du pays. Déjà marquée avant la guerre en Ukraine, l’insécurité alimentaire s’est aggravée en 2022-23 avec l’inflation alimentaire et le renchérissement des engrais, malgré la livraison de 20 000 T d’engrais russes confisqués par l’UE. Des difficultés de financement ainsi qu’une dette publique jugée insoutenable ont mené Lilongwe à laisser filer les prix de l’électricité, du carburant et du maïs, pouvant faire craindre des troubles. Un effet de base favorable dans l’agriculture (représentant ~80% des emplois) devrait donc soutenir la croissance, mais la situation devrait rester très difficile. Près de 4 millions de personnes (~20% de la population) devraient avoir fait face à des carences alimentaires extrêmes entre octobre 2022 et mars 2023.

Des investisseurs indiens et chinois cherchent à exploiter les ressources naturelles et les besoins en électricité. Par ailleurs, la Banque mondiale soutient un chantier en cours d’interconnexion des réseaux entre le Mozambique et le Malawi, pour une capacité d’échange prévue de 50 MW et une réalisation complète d’ici 2024. Après avoir achevé une coopération dans le secteur électrique, les Etats-Unis ont annoncé en octobre 2022 une aidet de 350 millions USD pour les routes rurales à travers la Millenium Challenge Corporation. Autrement, d’autres investisseurs étrangers attendent l’octroi d’un programme financé par le FMI comme signal positif pour prendre une part plus importante dans la formation de capital. Le développement du secteur minier pourrait attirer les investissements privés, comme le projet de niobium de Kaniyka ayant reçu une licence d’exploitation en 2021 ou la mine d’uranium de Kayelekera mise à l’arrêt en 2013 pour cause de prix de vente insuffisamment élevés. Lancés en 2017, les efforts se poursuivent pour rendre l’Internet accessible au plus grand nombre : un data center a été ouvert en 2022, témoignant de la montée en puissance du réseau fibre. Cependant, le fonctionnement de toutes ces infrastructures restera largement pénalisé par la faiblesse de la fourniture électrique (70 % de l'électricité étant générée par une production hydroélectrique fluctuante) et un environnement opérationnel difficile. En dehors des investissements financés par l’aide projet étrangère, le gouvernement ne devrait pas avoir les moyens financiers mais surtout et d’abord capacitaires de ses ambitions pour éradiquer l’extrême pauvreté à moyen terme. La consommation publique devrait donc rester globalement stable, mais importante dans l’économie.

Les importations nettes devraient avoir un effet neutre sur la croissance : les recettes du tabac (50% des exportations en 2021) sont structurellement stables mais le probable ralentissement économique mondial devrait déprimer la demande des autres produits agricoles locaux, tandis que la facture des importations alimentaires et énergétiques devrait légèrement s’alléger.

Avant un prêt du FMI, une restructuration indispensable de la dette

Des négociations crédibles ont débuté fin novembre 2022 avec les créanciers commerciaux internationaux. De plus, le FMI a débloqué le même mois 88 millions USD via sa fenêtre de crédit « urgence alimentaire ». Une utilisation efficace de ces fonds et une restructuration de la dette publique extérieure (environ la moitié de la dette publique totale) notamment de sa part commerciale (25% de la dette extérieure totale, mais la plus coûteuse) devraient ouvrir la voie à des discussions vers un programme du FMI assorti d’un prêt plus conséquent. Celui-ci n’interviendra cependant probablement pas avant la fin 2023. Malgré la croissance, le déficit public devrait rester stable et élevé en raison du poids du programme Affordable Inputs, fournissant des engrais subventionnés aux agriculteurs, ainsi que des investissements soutenus par les prêts concessionnels. Par ailleurs, les difficultés de financement extérieur poussent le gouvernement à se tourner vers le marché financier domestique, qui couvre plus de 75% du besoin de financement. En raison du risque, celui-ci sert l’Etat à des taux d’intérêt élevés, ce qui devrait continuer de pousser la part des recettes publiques consacrées aux intérêts (40% des recettes et 6% du PIB prévus pour le budget 2022-23). En conséquence, la dette continuera d’augmenter. Le gouvernement devrait probablement choisir de réduire la couverture du programme d’engrais, coûtant très cher en raison des cours élevés depuis 2021. Après avoir été officiellement dévalué de 25% en mai 2022, le kwacha continue de se déprécier sur le marché parallèle et la pénurie de devises étrangères ne devrait pas s’alléger en raison de la pression du déficit courant. Selon la Banque mondiale, les réserves de devises se situeraient fin 2022 en dessous d’un mois et demi d’importations.

Le déficit courant est structurellement élevé en raison de la dépendance du pays à l'égard des importations de carburant, de biens d'équipement et d’engrais.

Le déficit commercial devrait se stabiliser car, si le repli de la demande extérieure devrait affecter les recettes d'exportation (tabac, thé, sucre) via un effet prix négatif, certes atténué par la bonne tenue de la production agricole, les importations s’allègeront. Le déficit des services se creusera avec la poursuite de la reprise du transport international de passagers. Le déficit des revenus primaires, lié aux rapatriements des revenus des investisseurs étrangers, continuera de peser sur la balance courante, alors que l’excédent du solde des transferts courants sera porté par les remises des expatriés (environ 8 % du PIB). Le pays restera tributaire de l'aide extérieure au développement, sous forme de prêts-projets, pour financer son déficit courant.

Un risque d’instabilité sociale alimenté par un niveau de vie très bas

Malgré les prêts-projets et l’aide internationale (respectivement 10 et 1,4% du PIB en 2022-23) et l’absence de conflit depuis l’indépendance en 1964, le Malawi demeure paradoxalement l’un des pays les plus pauvres de la planète, avec 73,5% de la population en 2020 vivant avec moins de 1,9$ (PPA 2011). A la suite de la tempête Ana et d’un recul subséquent de l’accès à l’eau potable, une épidémie de choléra frappe le pays depuis le printemps 2022 : plus de 1000 morts étaient enregistrés début 2023 et les autorités ont dû fermer des écoles deux semaines.

En parallèle, le mécontentement de la population est entretenu par la pauvreté endémique, les scandales de corruption, la mauvaise gestion des fonds publics et des services publics déficients. Des manifestations ont ainsi eu lieu en novembre 2022 contre la cherté des carburants. Après l’annulation par la Cour constitutionnelle de l’élection présidentielle de 2019, pour falsification des résultats, Lazarus Chakwera, leader du Malawi Congress Party (MCP), a remporté la nouvelle élection présidentielle de juin 2020, obtenant 59 % des voix devant le président sortant Peter Mutharika (depuis 2014). Le MCP détient 59 sièges (sur 193) au Parlement, et il devrait continuer à diriger un gouvernement minoritaire grâce au soutien du United Transformation Movement (5 sièges), du People’s Party (4) et de 33 indépendants, tandis que le Democratic Progressive Party est désormais le principal parti d’opposition. En novembre 2022, le vice-président Chilima est arrêté sur fond d’accusations de corruption, ce qui peut être interprété comme une manœuvre politique opportune du président Chawkera en même temps qu’une réponse aux pressions des bailleurs de fonds internationaux.

A travers ses relations extérieures, le gouvernement malawite poursuit ses objectifs de sécurité alimentaire et d’amélioration du réseau électrique, conditionnés indirectement par l’assainissement budgétaire.

Dernière mise à jour :avril 2023

Autres pays avec le même niveau de risque

Découvrez comment vous protéger contre les risques de défaillance de vos clients au Malawi

L'assurance-crédit : protection contre les impayés