Une croissance économique faible est attendue
Bien que la plupart des restrictions liées à la Covid aient été levées en septembre 2022, l'économie devrait encore décélérer en 2023 dans un contexte d'inflation élevée et de hausse des taux d'intérêt. Alimentée par les prix alimentaires, énergétiques et immobiliers, l'inflation a atteint le niveau le plus élevé depuis trois décennies au deuxième trimestre de 2022. Si la hausse des prix ralentira en 2023, les effets de second tour de la forte hausse des prix de l'année précédente alimenteront l'inflation. Cela devrait continuer à affecter la confiance des consommateurs, qui a atteint son plus bas niveau historique à la mi-2022, et par conséquent, la consommation des ménages (57 % du PIB). De plus, le niveau élevé d'endettement de ces derniers (173% de leur revenu disponible au T2 2022), la baisse des prix de l'immobilier et le ralentissement de la croissance démographique dû à une moindre immigration depuis la pandémie, contraindront également la croissance de la consommation privée.
Face à l'accélération de l'inflation, la Reserve Bank of New Zealand (RBNZ) a commencé à augmenter les taux d'intérêt fin 2021. À la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, elle est devenue plus agressive, augmentant dans un premier temps la taille des hausses de taux de 25 à 50 points de base, puis 75 points de base. Ainsi, au 10 janvier 2023, le taux directeur atteignait 4,25 %. L'inflation devant rester élevée, la RBNZ pourrait être amenée à procéder à des hausses supplémentaires en 2023. La hausse des taux d'intérêt et le ralentissement du marché immobilier auront un impact sur l'investissement, dont la croissance devrait ralentir. La formation brute de capital fixe devrait être stimulée par les investissements publics dans les projets d'infrastructure, notamment dans les transports. Les exportations de services devraient se redresser, le tourisme (14 % du PIB, 16 % des emplois en 2019) rebondissant progressivement après que l’ouverture du pays aux voyageurs internationaux entièrement vaccinés en août 2022. Les exportations de biens pourraient toutefois subir le contrecoup du ralentissement économique mondial, la Chine et les États-Unis représentant 32,5 % et 10,5 % du total de ces exportations en 2021. En outre, les risques de récession en Europe pèsent sur les perspectives d'exportation (l'UE et le Royaume-Uni représentaient 8,6 % des exportations de biens en 2021).
Un déficit des comptes courants encore important
Après des dépenses plus élevées résultant des épidémies Delta et Omicron au cours de l'exercice 2022, le gouvernement devrait revenir sur la voie de l'assainissement budgétaire au cours de l'exercice 2023. Le budget pour l'année se terminant en juin 2023 fait état d'une baisse des dépenses, malgré des dépenses encore élevées dans le domaine de la santé (15 % du total) et l'introduction d'une enveloppe d'un milliard de dollars pour le coût de la vie afin de soutenir les ménages à faibles et moyens revenus dans un contexte d'inflation croissante. À plus long terme, le gouvernement vise afficher des excédents budgétaires à partir de 2024/2025. La dette publique devrait augmenter, mais sa part par rapport au PIB restera relativement faible par rapport à la plupart des économies développées comparables.
Le déficit courant devrait rester élevé en 2023. Avec le ralentissement des exportations, le déficit commercial devrait continuer à peser sur le compte courant, tandis que les prix toujours élevés de l'énergie soutiendront la valeur des importations. Dans le même temps, le déficit des services devrait se réduire, car l'assouplissement des restrictions aux frontières soutiendra les recettes du tourisme. Le compte des revenus, structurellement déficitaire en raison du rapatriement des bénéfices par les investisseurs étrangers et des coûts du service de la dette (la dette extérieure représente 88 % du PIB en 2021), devrait rester important. Le déficit courant est traditionnellement financé par des entrées financières et de capitaux, principalement sous forme d’investissements de portefeuille.
Tiraillé entre enjeux économiques et valeurs démocratiques face à la Chine
La Nouvelle-Zélande est une démocratie parlementaire stable dotée d'institutions solides. Récompensé pour sa gestion de la crise lors des élections législatives de 2020, le Parti travailliste a obtenu la majorité absolue au Parlement. Bien que dirigeante Jacida Ardern a conservé la part la plus élevée avec 40% des personnes interrogées en septembre 2022 la mentionnant comme "Premier ministre préféré", devant Christopher Luxon (le leader du Parti national et chef de l'opposition), elle démissionna en janvier 2023. Chris Hipkins a ensuite prêté serment pour lui succéder. Si ses résultats dans les premiers sondages depuis son entrée en fonction sont similaires à ceux d'Ardern, l'avantage serré sur l'opposition laisse présager une perte de sièges lors des prochaines élections prévues en Octobre 2023. En 2022, les élections locales s’étaient soldées par la défaite du parti travailliste dans deux grandes villes, Auckland et Wellington.
Sur le plan extérieur, le pays a choisi de conserver une attitude amicale envers la Chine. Malgré les tensions croissantes de cette dernière avec les États-Unis - avec lesquels la Nouvelle Zélande a une alliance de sécurité - et Taïwan, le pays a continué à essayer de maintenir une position équilibrée vis-à-vis de Pékin, étant donné ses liens économiques étroits avec la seconde économie mondiale. Cela dit, il figure parmi les signataires d'une déclaration présentée au comité des droits de l'homme de l'ONU, appelant la Chine à répondre aux constatations de violations des droits de l'homme à l'encontre des Ouïghours du Xinjiang. Concernant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Nouvelle-Zélande a condamné les actions du Kremlin et a introduit des sanctions en avril 2022. Des mesures supplémentaires axées sur les secteurs de la défense et de la sécurité ont été mises en œuvre en octobre.