

Macédoine du Nord
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | -4,5 | 4,0 | 2,5 | 2,3 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 1,2 | 3,2 | 11,4 | 8,0 |
Solde public / PIB (%) | -8,3 | -5,4 | -5,2 | -4,3 |
Solde courant / PIB (%) | 3,4 | -3,5 | -8,0 | -5,0 |
Dette publique / PIB (%) | 51,8 | 53,2 | 53,8 | 54,5 |
(e) : Estimation (p) : Prévision
POINTS FORTS
- Accord d’association et de stabilisation avec l’UE, candidat à l’adhésion depuis 2003
- Intégration dans la chaîne de production manufacturière européenne
- Proximité avec les usines d’Europe centrale et croisement de deux corridors européens
- Compétitivité salariale
- Soutien des bailleurs de fonds européens
- Transferts élevés des travailleurs expatriés (13,7% du PIB)
- Ancrage du denar à l’euro
POINTS FAIBLES
- Faible taux d’emploi (48%), chômage structurel élevé et manque de productivité dus à l’inadaptation de la formation
- Économie informelle importante liée au manque d’efficacité du gouvernement et à la lourdeur de la réglementation
- Émigration soutenue vers l’UE de la jeunesse confrontée à un chômage de 37.2%
- Forte euroisation (36.7% des dépôts bancaires et 41.4% du crédit)
- Infrastructures de transport, d’énergie, de santé et d’éducation insuffisantes
- Paysage politique polarisé
- Tensions entre majorité slave et minorité albanaise
- Longues négociations d’entrée à l’UE en perspective, en raison des progrès insuffisants en matière de lutte contre la corruption, le crime organisé, et l’amélioration de l’Etat de droit
Appréciation du risque
Croissance toujours très vulnérable à la pandémie
L’économie a entamé sa reprise au début du second semestre de 2021, et devrait poursuivre sur sa lancée en 2022. La demande domestique (89% du PIB en 2019) devrait réaliser la plus importante contribution à la croissance du PIB. Les campagnes de vaccination ont, en effet, permis au cours de l’année 2021 un retour de l’optimisme chez les ménages, et leur consommation devrait continuer de progresser en 2022, mais à un rythme moindre. Le chômage connaît une baisse légère et régulière (16.4% en 2020, 15.8% en 2021) et les réponses budgétaires ont empêché sa hausse, toutefois la faible participation au marché du travail (56%) demeure un problème structurel de taille. L’investissement privé (34.5% du PIB avec les IDE en 2019) a considérablement chuté en 2020 en raison de la crise et son retour au niveau pré-COVID19 ne devrait pas s’opérer en 2022. L’économie reste en effet très vulnérable aux nouveaux variants du virus, comme le taux de vaccination n’atteignait que 35% en Octobre 2021. Le secteur du tourisme (6.8% de l’emploi et 6.6% du PIB en 2019) en pâtit, et son retour à un niveau d’activité normal tardera. Les dépenses publiques (36.7% du PIB en 2020) devraient se maintenir à un niveau élevé, supérieur à celui d’avant crise en raison de la continuité de la réponse fiscale à la pandémie et des projets d’infrastructure (continuité du projet ferroviaire et routier Corridor 8, gazoduc avec la Grèce). Enfin, la balance commerciale déficitaire réalisera en 2022 une contribution négative à la croissance.
La politique monétaire de la banque centrale (NBRNM) reste accommodante, avec un taux de 1,25% en septembre 2021, favorisant l’accès à la liquidité et au crédit. L’inflation a accéléré en 2021 du fait, en grande partie, des coûts plus importants d’énergie, de denrées alimentaires et de transport. Elle devrait décroître en 2022.
Détérioration des déficits jumeaux
La continuité des mesures de soutien en réponse à la pandémie a largement contribué au déficit public en 2021. En 2022, la fin progressive de ces mesures résultera en sa réduction. La consolidation budgétaire devrait, à moyen terme, permettre de le réduire encore, même si elle est rendue malaisée par l’évasion fiscale liée à l’informalité de l’économie (estimée entre 30 et 40 % des revenus et à 18 % de l’emploi) liée aux insuffisances de l’administration fiscale et de l’inspection du travail. Les déficits budgétaires de ces dernières années ont accentué la dette publique, qui devrait s’accroître en 2022. L’essentiel de la dette publique est extérieure (75%) et libellée en euros, mais la crédibilité de la NBRNM, qui garantit l’ancrage à l’euro, réduit le risque de change. La NBRNM bénéficie par ailleurs d’accords de financement avec la BCE, et pourrait avoir accès à 400 millions en euros en cas de nécessité. La taille de la dette privée extérieure est aussi considérable, représentant 40.5% du PIB, même si une fraction correspond à des prêts intragroupe dans le cadre d’IDE.
Concernant les comptes extérieurs, le déficit courant s’est allégé en 2021. En effet, les transferts officiels d’argent des expatriés ont augmenté du fait des restrictions de voyage et la reprise dans les pays hôtes, compensant mieux le traditionnel déficit commercial (17% en 2021). Cette tendance se poursuivrait en 2022, la reprise du tourisme et la confirmation du dynamisme du transport routier viendront contrebalancer le déficit commercial qui s’explique par la structure productive du pays nécessitant l’importation de biens d’équipement et de consommation. Le déficit devrait être en grande partie financé par les IDE (environ 3% du PIB), en reprise. Les réserves de change ont marginalement progressé et représentaient en juin 2021 l’équivalent de plus d’un quart du PIB, soit 4 mois d’imports.
Lointaine adhésion à l’UE
Les élections législatives anticipées de juillet 2020 furent marquées par la courte victoire de la coalition formée autour de l’Alliance sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) et du parti albanais BESA. Lors des élections locales d’octobre 2021, le parti d’opposition nationaliste VMRO-DPMNE, deuxième au plan national, a remporté plus de mairies que le SDSM. Cela pourrait fragiliser la coalition au pouvoir qui ne détient que 62 sièges sur 120 au Parlement avant la tenue des prochaines élections en 2024. Le premier ministre Zoran Zaev a démissionné suite à cette défaite.
Le gouvernement continue à afficher la volonté du pays d’intégrer l’Union Européenne. En plus de devenir le 30ème État membre de l'OTAN en mars 2020, un accord politique a été conclu pour entamer les négociations d'adhésion. En novembre 2020, la Bulgarie a bloqué les discussions sur la candidature et retarde ainsi le début des négociations. En cause, les différends culturels et historiques entre les deux pays.
Dans l’attente du démarrage des négociations, la Serbie, l’Albanie et la Macédoine du Nord ont créé un espace « Open Balkan », faisant ainsi suite au projet du « mini – Schengen », une initiative soutenue par l’Union Européenne et les Etats-Unis. Le projet, mis en place d’ici 2023, prévoit une plus grande liberté de circulation de biens et de personnes, y compris sur le marché du travail et la levée des contrôles aux frontières.
Dernière mise à jour : Février 2022