Tchad

Afrique

PIB / Habitant ($)
694,6 $
Population (en 2021)
17,4 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
E
Précédemment :
D
Précédemment :
E

suggestions

Résumé

Points forts

  • Gains potentiels de productivité agricole et terres arables en réserve
  • Secteur pétrolier générateur de devises et de recettes fiscales
  • Premier pays à être parvenu à un accord de restructuration de dettes dans le cadre commun du G20

Points faibles

  • Extrême pauvreté généralisée (38,7% de la population en 2022)
  • Insécurité alimentaire répandue (12,1% fin 2022) liée à une agriculture de subsistance faiblement productive
  • Dépendance budgétaire aux revenus du pétrole
  • Enclavement et calamités (le lac Tchad, jadis principale source d’eau pour l’irrigation, bien que stabilisé, n’a plus que 10% de sa taille des années 1960 ; inondations…)
  • Absence de contrôle des autorités sur de larges parts du territoire favorisant l’informalité, le trafic d’or, d’armes mais aussi d’individus, l’évasion fiscale et l’absence de services publics
  • Fragilité politique : faible légitimité des dirigeants, combats contre des groupes armés rebelles ou djihadistes
  • Proximité géographique et communautaire avec le Soudan, en proie à un conflit armé interne depuis avril 2023, et avec la Libye, qui compose avec une instabilité politique majeure et des affres sécuritaires

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
44%
Émirats arabes unis
27%
Chine
22%
Bangladesh
3%
Turquie
2%

Import des biens en % du total

Chine 25 %
25%
Europe 22 %
22%
Cameroun 16 %
16%
États-Unis d'Amérique 7 %
7%
Turquie 6 %
6%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

La reprise se poursuit sur un rythme modéré

Après les années de récession (sauf exceptions) et la reprise moins forte que prévue du fait de récoltes minées par les conditions météorologiques défavorables (sécheresse au deuxième semestre 2022, suivie d’inondations importantes au troisième trimestre) et le prix très élevé des intrants agricoles, cette reprise, néanmoins salutaire, devrait se poursuivre en 2024. Elle sera favorisée par le secteur du coton, dont la récolte de coton graine devrait s’améliorer. Jadis essentielle pour l’économie du pays, la filière cotonnière a été peu à peu délaissée au profit de la filière pétrolière depuis 2003. Mais, face à ce constat et aux difficultés conjoncturelles de la campagne cotonnière de 2021-2022, le gouvernement souhaite plus que jamais relancer la filière du coton, dont le potentiel demeure important (2ème producteur de coton graine d’Afrique centrale, encore 6% des exportations et 20% du PIB non-pétrolier). Ainsi, la croissance sera stimulée par une production cotonnière haussière, permise par la réhabilitation d’usines, à l’image de l’inauguration en février 2023 de l’unité située à Gounou-Gaya, regroupant usines d’égrainage et de délintage, huilerie et savonnerie. Plus largement, la production agricole (mil, maïs, arachide, riz, sésame…), qui représente 60% du PIB, soutiendra la croissance, bénéficiant de conditions météorologiques plus favorables (effet de base relatif aux récoltes particulièrement faibles de la campagne 2021-2022 liées aux intempéries). L’économie sera également stimulée par les importantes dépenses publiques de défense, face au nouveau risque sécuritaire amené par le conflit armé au Soudan (depuis avril 2023) avec lequel le Tchad partage une longue frontière. Mais ce conflit affecte également l’économie à travers la perturbation du commerce transfrontalier conjuguée à la prudence accrue des investisseurs privés, notamment étrangers. L’investissement direct étranger, majoritairement concentré vers le secteur pétrolier, pourrait voir diminuer son dynamisme, déjà entaché par la perte de confiance liée à la nationalisation des actifs d’ExxonMobil (un champ pétroler et l’oléoduc vers le port camerounais de Kribi), auparavant rachetés en décembre 2022 par l’entreprise britannique Savannah Energy. Cependant, il demeurera soutenu par les cours mondiaux de l’énergie attendue en légère hausse en 2024, stimulant la production pétrolière et ses exportations. L’inflation est attendue en baisse, du fait de la modération des prix alimentaires (baisse des cours mondiaux et mesures gouvernementales pour limiter l’insécurité alimentaire, en lien avec l’état d’urgence alimentaire décrété en juin 2022).

Les comptes publics et extérieurs confortés par le pétrole

L’important excédent budgétaire enregistré sur les deux années précédentes en lien, notamment, avec les importants revenus pétroliers devrait persister en 2024. Les recettes publiques resteront soutenues par des cours pétroliers mondiaux en hausse. Elles bénéficieront également de dispositifs permettant une meilleure collecte (simplification de la législation fiscale) couplés à un élargissement de l’assiette fiscale, conformément au programme dans lequel les autorités sont engagées avec le FMI et qui conditionne les versements au titre de la Facilité élargie de crédit (approuvée fin 2021, pour un montant total de 570,75 millions USD sur trois ans, dont 224 millions ont déjà été versés). L’excédent sera néanmoins en baisse par rapport à 2023, reflétant une hausse des dépenses de défense et le maintien de celles, importantes, destinées à faire face à l’insécurité alimentaire.

Malgré la hausse des exportations pétrolières liée à celle attendue de la production et des cours mondiaux, le déficit courant se creusera légèrement. Les importations de biens d’équipement ainsi que de services seront importantes pour permettre les investissements en capital, tirés notamment par la filière cotonnière.

La dette publique rapportée au PIB continuera de diminuer, suite à la signature d’un accord sur sa restructuration en novembre 2022, ayant permis la mise en œuvre de la Facilité élargie de crédit (FEC). L’accord avec l’ensemble des créanciers concerne 3 milliards de dollars de dette extérieure, dont plus du tiers est commerciale (presque exclusivement due à Glencore, société britannico-suisse d’extraction et de négoce de matières premières). Cet accord (obtenu non sans difficultés du fait de la nature variée des créanciers), couplé aux versements de la FEC, permet de limiter le risque de surendettement pour 2024. Cela, couplé à la situation humanitaire à laquelle fait face le pays, favorisera également l’accès à d’autres financements extérieurs peu onéreux ou aux dons, à l’image des 30 millions d’euros déjà donnés par l’UE depuis janvier 2023.

Des élections attendues en 2024, dans un contexte sécuritaire et humanitaire particulièrement tendu

A la suite de la mort du président Idriss Déby en avril 2021, tué par les forces rebelles, son fils Mahamat Déby a pris sa suite, avec l’assentiment de l’Union Africaine, compte tenu de la situation sécuritaire urgente, malgré les contestations sur sa légitimité. En septembre 2022, le président « de transition » se fait donner de larges pouvoirs exécutifs par des assises réunissant des éléments cooptés, tel le nouveau Premier ministre Saleh Kebzabo. La transition, qui peut durer jusqu’à deux ans (décomptés à partir de septembre 2022), court toujours. Alors que l’année 2024 verra probablement le déroulement d’élections (présidentielles et législatives) susceptibles de rebattre les cartes du pouvoir, Mahamat Déby pourrait se présenter et conserver la présidence. Alors qu’aucune élection n’a pris place dans le pays depuis 2015 (reports successifs liés au contexte sécuritaire puis au décès de Idriss Déby), les prochaines élections se dérouleront dans un contexte tendu. L’armée est omniprésente et la répression de l’opposition sévère (à l’image des manifestations antigouvernementales du 20 octobre 2022, en réponse à l’annonce de de la prolongation de la transition et l’éligibilité des membres de la transition aux prochaines élections, violemment réprimées jusqu’à provoquer plus de 100 morts et 300 blessés), tandis que la menace sécuritaire en provenance du Soudan est élevée. Le conflit au Soudan pourrait aussi être pourvoyeur d’instabilité, du fait de l’afflux important de réfugiés soudanais (via la mise en place d’un couloir humanitaire) dans le contexte d’état d’urgence alimentaire décrété au Tchad en 2022 et de crise humanitaire grave. De plus, bien que la junte entende ne pas prendre parti dans le conflit affectant son voisin, la proximité géographique mais aussi communautaire (à l’image de la famille du président, issue de l’ethnie Zaghawa, majoritaire au Darfour soudanais, un des deux principaux lieux d’affrontement) et historique entre les deux pays fait craindre un accroissement des tensions sur le territoire et fait ressurgir la menace terroriste.

Les relations du Tchad avec ses partenaires occidentaux resteront tendues du fait du maintien du régime militaire et de la répression, contraire à leurs appels à la poursuite d’un dialogue avec l’opposition. Cependant, la tenue du conflit au Soudan rend encore plus crucial le rôle régional du Tchad, disposant de capacités militaires et de renseignement importantes, et, du même coup, peu souhaitable la mise en place de sanctions. A l’inverse, la situation humanitaire pourrait justifier d’accroître l’aide des pays occidentaux.

Dernière mise à jour : août 2023

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