Mali

Afrique

PIB / Habitant ($)
865,6 $
Population (en 2021)
23,3 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
C
Précédemment
D
Précédemment
C

suggestions

Résumé

Points forts

  • Importantes ressources naturelles agricoles (coton) et minières (or, bauxite, lithium)
  • Importantes remises des expatriés
  • Membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)
  • Potentiel important pour le développement de l’énergie solaire

Points faibles

  • Situation sécuritaire dégradée par la présence de groupes djihadistes sur une grande partie du territoire et la reprise des affrontements avec les Touaregs
  • La junte militaire au pouvoir retarde le retour à l’ordre constitutionnel
  • Économie vulnérable aux aléas climatiques et aux fluctuations des cours des matières premières : or et coton exportés majoritairement bruts, énergie, produits alimentaires et produits manufacturés importés
  • Enclavement géographique
  • Pauvreté répandue (45,5% de la population en 2022)
  • Dépendance à l’aide internationale
  • Mauvais environnement des affaires (instabilité politique, insécurité, menace d’expropriation) qui freine l’investissement, notamment en dehors du secteur extractif
  • Manque de transparence de l’industrie aurifère : exploitation artisanale clandestine

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Afrique du Sud
40%
Suisse
23%
Australie
8%
Côte d'Ivoire
6%
Bangladesh
5%

Import des biens en % du total

Sénégal 30 %
30%
Côte d'Ivoire 23 %
23%
Chine 15 %
15%
Europe 9 %
9%
Ghana 2 %
2%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Une croissance ralentie par des performances minières et agricoles contraintes

La croissance ralentira quelque peu en 2025, impactée par l’insécurité croissante, les pénuries d’électricité chroniques et les perturbations de l’activité minière en début d’année. Le canadien Barrick Gold a stoppé son exploitation de la principale mine d'or du pays, Loulo-Gounkoto. Cette décision fait suite à l’incarcération de quatre cadres, au blocage des expéditions en novembre, puis à la saisie d’un stock d'or de la mine par les autorités en janvier, provoqués à l’origine par un désaccord sur l’application rétroactive du nouveau code minier (qui prévoit 30% pour l’Etat contre 20% prévu dans la licence). Si une résolution officielle du différend n’a pas encore été annoncée, un accord entre l’entreprise et le gouvernement pourrait être signé pour une reprise de la production, vraisemblablement au deuxième semestre. Les revenus miniers (10% du PIB et 75% des exportations en 2023) devraient être alimentés par cette reprise, ainsi que par l’arrivée des premières recettes tirées du lithium, avec l’inauguration de la mine de Goulamina, exploitée par la société Lithium du Mali avec comme actionnaire principal la société chinoise Ganfeng, en décembre dernier. Par ailleurs, après une campagne 2023-2024 réussie, les rendements cotonniers 2024-2025 sont attendus en chute, en raison des conditions climatiques défavorables (inondations principalement). Les pénuries d'électricité persistantes et l’impact de l’insécurité sur les prix des denrées alimentaires entraîneront des tensions inflationnistes au premier semestre 2025. Mais elles baisseront en seconde partie d’année, avec la baisse des prix au détail du carburant, ce qui profitera à la consommation privée (75% du PIB). La construction de trois projets de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 400 MWc devrait, prochainement, répondre en partie à la crise énergétique qui affecte le pays.

Un déficit conséquent au financement régional coûteux

Selon la loi de finances 2025, la politique budgétaire sera axée sur son assainissement, avec une augmentation des recettes (+10% par rapport à la loi de finances rectificative 2024) plus importante que l’augmentation des dépenses (5%). L'accent sera mis sur l'amélioration de l'efficacité fiscale et douanière, avec l'élargissement de l'assiette fiscale, la numérisation des services publics, et surtout l'application progressive du nouveau code minier adopté en 2023. Il permet à l’État d'acquérir jusqu’à 20% (contre 10% auparavant), en plus des 10% acquis gratuitement, d'un projet minier, tout en supprimant certaines exonérations fiscales et douanières. De nouvelles taxes, controversées, sur les services de télécommunications, le paiement par mobile et les boissons alcoolisées doivent dégager des revenus qui seront utilisés pour des projets d’infrastructures énergétiques et de développement social. Mais la rémunération des fonctionnaires et le service de la dette, projeté à 343 millions de dollars (dont 80 % liés à la dette régionale), pèseront sur le budget, limitant l’investissement pour les secteurs-clés comme l’éducation. De plus, l'augmentation des crédits alloués à la présidence et aux institutions de la transition suggère une consolidation du pouvoir de la junte, alors même que plus de 128 millions de dollars sont alloués à des dépenses électorales. En outre, la diminution des fonds alloués au ministère de la Défense, malgré l’insécurité croissante sur le territoire, laisse à penser que les dépenses liées au recrutement militaire pourraient excéder les prévisions.

Le déficit public restera financé par des emprunts domestiques, ainsi que par des levées de fonds sur le marché de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). La dépendance du pays à ce dernier, compte tenu de l’exclusion du bénéfice des financements internationaux, implique un coût de financement élevé (9,8% pour les bons du Trésor à 12 mois émis en octobre 2024). Le pays s’est engagé à effectuer d’importants remboursements sur sa dette ; 1 milliard de dollars sont alloués à la dette intérieure et régionale, et 320 millions de dollars à la dette extérieure dans le budget 2025. Près de 300 millions de dollars ont déjà été remboursés à la fin de l'année 2024. Mais ces efforts auront un impact limité sur le risque d’endettement, qui devrait rester modéré, tel qu’évalué par le FMI et la Banque Mondiale, du fait d’une éventuelle accumulation des arriérés avec l’arrivée à échéance de 80 % de la dette intérieure avant 2030. En raison de divergences sur la traçabilité financière, les fonds d’un prêt accordé par le FMI en avril 2024 n’ont pas été débloqués. Mais le Fonds et le Mali essayeront de conclure un autre accord en 2025, dans la lignée des autres pays du Sahel, ce qui encouragerait le cas échéant le retour des bailleurs internationaux.

Malgré une diminution des prix de l’énergie et la hausse de celui de l’or, le déficit de la balance courante s'accentuera légèrement en 2025, en raison de la baisse de la production d'or, liée au différend entre le gouvernement et Barrick Gold. Les exportations agricoles pâtiront des difficultés de récoltes. Le déficit des services se maintiendra, obéré par la logistique (essentiellement le fret) et le paiement des milices de défense russes (Africa Corps); alors que les recettes du tourisme resteront minimes à cause de l’insécurité. En accord avec la nouvelle réglementation minière, plusieurs accords ont été signés fin 2024 et début 2025 pour permettre l’appropriation d’une plus grande part des dividendes par l’Etat. Le rapatriement des profits par les compagnies étrangères devrait ainsi s'en trouver réduit. L’excédent des revenus secondaires restera alimenté par d’importantes remises des expatriés, mais les aides officielles continueront d’être freinées par la dégradation des liens avec les pays occidentaux. Le déficit sera essentiellement financé par les investissements en direction du secteur extractif.

Rapprochement croissant des Etats du Sahel en réponse au risque sécuritaire

À la suite des deux coups d'État successifs, en 2020 et 2021, la junte militaire est dirigée par le colonel Goïta, comme président de transition. Malgré la réussite, contestée, du referendum constitutionnel de juin 2023 pour le nouveau projet de Constitution, qui prévoyait la future élection présidentielle pour février 2024, le retour à l’ordre constitutionnel a été interrompu. L’élection ne s’est pas tenue et a été reportée sine die, la date du 26 mars 2024 fixant la fin de la transition étant également arrivée à expiration. Une coalition réunissant une grande partie des organisations politiques et de la société civile a signé une déclaration le 31 mars 2024 pour exiger le retour à l'ordre constitutionnel. Mais le Gouvernement a estimé que l’élection ne peut être organisée tant que la question de l’insécurité n’est pas réglée. En outre, le dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale, qui s’est tenu en mai 2024 et sans l’opposition, a recommandé une prorogation de la durée de transition de 2 à 5 ans et la possibilité pour le chef de la junte Assimi Goïta de se présenter à la prochaine élection présidentielle. Bien que la suspension de la vie politique annoncée le 10 avril 2024 ait été levée par la junte en juillet, les mesures répressives n'ont pas diminué pour autant, et plusieurs opposants politiques ont été détenus depuis.

La junte est confrontée à une forte menace sécuritaire. D’une part, les militants islamistes, en particulier du JNIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans lié à al-Qaïda, sont de plus en plus présents jusqu’au sud du territoire. Les attaques terroristes contre des cibles militaires à Bamako, en septembre 2024 (les premières attaques dans la ville depuis 2015), mettent en évidence l'intensification de cette menace. D’autre part, le conflit avec les rebelles Touaregs autonomistes du nord du pays a repris, avec l’effondrement en janvier 2024 des accords d’Alger de 2015. Les forces gouvernementales auront du mal à contrôler les régions du nord du pays, qui resteront sous le contrôle de facto de l’un ou l’autre de ces groupes. Mais, poussée par l’arrêt temporaire de la production de la mine d’or de Loulo-Gounkoto, la junte pourrait être tentée d’étendre sa mainmise sur les installations artisanales extractives du nord pour compenser les pertes, augmentant ainsi le risque de confrontations.

Face à cette menace, la junte renforce sa coopération avec les régimes similaires du Niger et du Burkina Faso. À la suite du coup d’Etat au Niger, les trois États ont signé un pacte de défense mutuelle en septembre 2023, avant de renforcer leur alliance en formant la Confédération des États du Sahel en juillet 2024 et en se retirant de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en janvier 2025. La création d'une force militaire commune aux États sahélo-sahariens, qui compterait 5 000 soldats, a été annoncée. Malgré un soutien en personnel et matériel russe, une amélioration majeure de la sécurité n’est pas attendue, étant donné le manque de ressources et de compétences. Les paramilitaires russes qui sont venus remplacer les forces françaises et onusiennes, ont une force et une expérience régionale limitées. De plus, la suspension des programmes de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) depuis début 2025 pourrait détériorer les conditions socio-économiques dans le Sahel, offrant une opportunité aux groupes djihadistes et indépendantistes d'étendre leur influence.

Dernière mise à jour : avril 2025

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