Les études économiques et analyses risques pays et risques sectoriels Coface
Tchad

Tchad

Population 16,9 millions
PIB par habitant 697 $US
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (f)
Croissance PIB (%) -2,2 1,0 3,0 3,0
Inflation (moyenne annuelle, %) 3,5 3,0 5,2 3,0
Solde public / PIB (%)* 1,2 -1,8 5,4 7,8
Solde courant / PIB (%)* -7,6 -4,5 0,8 -2,4
Dette publique / PIB (%) 54,2 56,0 44,7 38,3

(e) : Estimation (p) : Prévision *Dons et transferts inclus

POINTS FORTS

  • Potentiel de gains de productivité agricole et de terres arables en réserve
  • Secteur pétrolier générateur de devises et de recettes fiscales

POINTS FAIBLES

  • Extrême pauvreté généralisée (41,7% de la population en 2020 selon la Banque mondiale)
  • Insécurité alimentaire répandue (~10% mi-2022 selon la Banque mondiale %) liée à une agriculture de subsistance faiblement productive
  • Dépendance budgétaire aux revenus du pétrole
  • Enclavement et calamités (assèchement du lac Tchad, inondations)
  • Absence de contrôle des autorités sur de larges parts du territoire favorisant l’informalité, la contrebande d’or et d’armes, l’évasion fiscale et l’absence de services publics
  • Fragilité politique : faible légitimité des dirigeants, combats contre des groupes armés rebelles ou djihadistes

Appréciation du risque

Un rebond subordonné aux prix du pétrole

Après les années de croissance négative (sauf exceptions), pour une population au niveau de vie demeurant très bas, la reprise salutaire devrait se poursuivre en 2023 avec le regain du secteur pétrolier. Cette embellie est sujette à de nombreux risques à la baisse : une poursuite de l’inflation alimentaire et du contexte politique instable, une interruption (notifiée en juin 2022) prolongée de l’aide du FMI, ainsi que des menaces sur la production agricole (38,5% du PIB en 2019).

Ces risques guident aussi largement les décisions des investisseurs étrangers, concentrés sur l’extraction de l’or noir. Après le retrait d’Exxon consommé fin 2021, le repreneur britannique Savannah Energy annonce en mai 2022 un accord sur des centrales solaires d’une capacité combinée de 500 MW, pour ses installations mais aussi l’alimentation de villes. En juin 2022, Glencore parvient à vendre ses droits au spécialiste des champs pétroliers matures Perenco. Malgré des prix du brut élevés, les lourds coûts d’extraction et les risques susmentionnés incitent les pétroliers à se limiter aux puits en exploitation. En dehors des atouts pétroliers (70% des exports en 2019), de l’or disputé du Tibesti rebelle (20%) et du dynamique secteur du coton-graine (5%), le pays enclavé dépend largement des produits manufacturés importés. Néanmoins, la facture de produits alimentaires demeure faible (~15% des imports) au regard des besoins dus à une crise humanitaire aigue, l’Etat se reposant sur l’aide internationale.

En 2023, la consommation privée souffrira toujours des suites de la maigre récolte 2021-2022, alors que l’envolée du coût des fertilisants et des cotations internationales ne permettent pas une détente des prix. Faisant vivre 90% de la population, l’agriculture (de subsistance) peinera à augmenter sa productivité, l’insécurité pesant sur les chaînes logistiques ne favorisant pas la constitution de filières modernes. En raison d’une faible redistribution de la rente et de services publics carencés liés à l’insécurité et à la présence limitée de l’Etat, la relative décorrélation entre santé de l’industrie pétrolière et niveau de vie devrait continuer à être vérifiée. Les dépenses d’infrastructures resteront la marge d’ajustement d’un budget plombé par les dépenses sécuritaires, contraint par l’incertitude autour des financements internationaux. Face à la crise socio-politique, le gouvernement devrait augmenter les dépenses sociales notamment pour maîtriser l’inflation.

 

Une dette plus soutenable avec les prix hauts du pétrole

L’amélioration du solde public résultant de l’envolée des prix du pétrole a amené les créanciers à faire avancer leurs positions concernant la dette tchadienne. Un accord aurait été trouvé en novembre 2022 avec Glencore, géant suisse à la tête d’un syndicat ayant prêté 1 milliard de dollars US au Tchad (un tiers de la dette extérieure représentant elle-même 25% du PIB). Au contraire, le Club de Paris associé à la Chine et à l’Inde ont rejeté en octobre 2022 une restructuration, en gardant la porte ouverte en cas de crise. Conséquemment, la facilité de crédit élargie conclue avec le FMI en décembre 2021 reste à date en suspens, dans l’attente de confirmations sur les remboursements du pays. La Libye (7% de la dette extérieure) aurait convenu d’un nouveau calendrier de paiement. Face à la crise alimentaire, la Banque mondiale a consenti à un don de 105 millions en juin 2022.

Parallèlement à un mieux des finances publiques, l’amélioration de la balance des biens a permis d’amener la balance courante en zone positive en 2022. Le rétablissement enregistré a été obtenu grâce à la collecte différée des revenus 2021 du pétrole, à la reprise de la production et aux prix élevés du baril, le tout compensant la hausse de la facture des importations et des équipements extractifs. D’un autre côté, en 2023, le déficit des services devrait augmenter pour répondre aux besoins desmajors,ce qui pourrait amener à une baisse du solde courant. Le déficit des revenus primaires persistera, son niveau dépendant des bénéfices rapatriés à l’étranger etin finede la demande mondiale d’énergie, Coface prévoyant un maintien des prix du pétrole autour de 95-100$ le baril au S1 2023.

 

Un Etat-pivot au Sahel sur la défensive face aux contestations internes

A la suite de la mort en exercice (« au combat ») du président Idriss Déby en avril 2021, son fils Mahamat Déby a pris sa suite face aux contestations sur sa légitimité et l’incapacité de l’Etat à accomplir ses missions pour la population. En septembre 2022, le président « de transition » se fait donner de larges pouvoirs exécutifs par des assises réunissant des éléments cooptés, tel le nouveau Premier ministre Saleh Kebzabo. La transition pourrait ainsi durer jusqu’à deux ans supplémentaires, avec possibilité pour l’actuel président de se présenter malgré ses engagements face à la communauté internationale. Face à une opposition civile et des groupes rebelles actifs, le pouvoir ne baisse pas sa garde, menant une répression violente des manifestations à l’automne. Dans un continuum de griefs adressé au pouvoir, le sud et le centre du pays, régions de peuplement dense, sont, comme durant chaque saison des pluies (juin-octobre), en proie à des inondations destructrices. Face au constat d’une inflation galopante des céréales, le gouvernement décrète l’urgence alimentaire en juin 2022 pour attirer l’aide internationale. Depuis quelques années, les abords du lac Tchad accablés de sécheresses et d’inondations sont la cible d’attaques de djihadistes de Boko Haram, justifiant un redéploiement à l’intérieur de troupes précédemment détachées ailleurs au Sahel.

La désorganisation due au départ du Mali du G5 Sahel, ainsi qu’à l’interrègne depuis le « coup d’Etat constitutionnel » opéré par Mahamat Déby, justifie un relatif repli militaire sur le territoire national. Paris apporte un soutien inassumé à ce pilier du G5 Sahel (alliance d’Etats pour la lutte anti-terroriste dans le Sahel), disposant d’un renseignement efficace et accueillant une base aérienne française. De plus en plus, les pays du Golfe jouent un rôle auprès des autorités tchadiennes, s’impliquant dans un dialogue national délocalisé au Qatar et à travers le Club de Paris. Par ailleurs, la Chine tient une place de choix comme premier partenaire économique (environ 40% des imports en 2021), et à travers le pétrolier CNPC, premier exploitant du pays. 

 

Dernière mise à jour : Avril 2023

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