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Suriname

Suriname

Population 0,6 million
PIB par habitant 4 681 $US
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Evaluation des risques pays
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Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p)
Croissance PIB (%) -15,9 -3,5 1,3 2,3
Inflation (moyenne annuelle, %) 34,9 59,1 52,5 42,7
Solde public / PIB (%) -12,1 -7,6 -3,7 0,5
Solde courant / PIB (%) 9,1 5,8 -2,0 -0,9
Dette publique / PIB (%) 146,1 125,7 134,0 117,1

(e) : Estimation (p) : Prévision

POINTS FORTS

  • Ressources minérales (or, pétrole, gaz, bauxite) et potentiel agricole (riz, banane), sylvicole (bois) et hydroélectrique
  • Forêt équatorienne couvrant 95% du territoire
  • Soutien des bailleurs de fonds internationaux et des investisseurs étrangers
  • Aide financière des Pays-Bas, l’ancienne puissance coloniale, et remises des expatriés (4,3% du PIB en 2020)
  • Membre actif de la Communauté caribéenne (CARICOM)

POINTS FAIBLES

  • Économie peu diversifiée : dépendance à l’or, au pétrole, et à l’aluminium
  • Poids de l’économie informelle (30 % du PIB) avec les casinos, l’orpaillage, la contrebande et le trafic de drogue
  • Difficultés dans la gestion des entreprises publiques
  • Dette publique non viable depuis 2020, menant à un accord de restructuration de la dette avec le Club de Paris
  • Insuffisance des infrastructures de transports (routes, ports, aérien)
  • Climat des affaires difficile, justice peu efficace
  • Secteur bancaire vulnérable : part élevée de prêts douteux et faible profitabilité
  • Accès difficile au crédit
  • Manque de main d’œuvre qualifiée

Appréciation du risque

Une reprise toujours atone

La profonde récession provoquée par la pandémie de Covid-19 a fait place à une reprise très modérée, qui se poursuivra en 2023. L’or représentant historiquement 80% des exportations, le niveau encore élevé de son cours, même supposé décroître, soutiendra le volume des exportations. Elles devraient compenser de peu la hausse des importations entraînée par les prix internationaux élevés des produits de base et celles de biens d’équipement et de services liés à l’exploration pétrolière et gazière. La découverte de nouveaux gisements d’hydrocarbures au large de la côte par la coentreprise regroupant Total et APA, dont la plus récente remonte à février 2022, ainsi que l’espoir de nouvelles découvertes devraient stimuler l’investissement privé en 2023, en particulier l’investissement étranger, et améliorer les perspectives économiques du pays, dont la production pétrolière devrait croître fortement à compter de 2025. Depuis son envolée de 2020, provoquée par la dévaluation du dollar surinamais, suite à l’adoption d’un régime de change flottant, l’inflation s’est inscrite à un niveau très élevé. Elle devrait décroître en 2023 grâce à la consolidation de la politique monétaire, notamment avec un meilleur contrôle de la masse monétaire, ainsi que la modération attendue des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l’énergie. Cependant, la poursuite des ajustements de tarifs des services publics induira un niveau encore élevé, qui, combiné au climat persistant d’incertitude, continuera de freiner la reprise de la consommation intérieure. De surcroît, du fait de sa dépendance aux exportations d’or, ainsi qu’aux investissements dans les hydrocarbures, le pays reste très vulnérable à la volatilité de leurs prix et, donc, aux chocs extérieurs. Enfin, le taux de vaccination étant encore faible (40% de la population avait reçu deux doses en juin 2022), la population demeure très exposée au risque sanitaire et à l’éventuelle apparition de nouveaux variants.

 

Des comptes consolidés par l’aide internationale

Suite à la dévaluation de sa monnaie et au dévissage de l’activité, le pays a été confronté à une explosion de sa dette et s’est retrouvé en défaut de paiement à la fin de l’année 2020. En décembre 2021, le pays s’est vu accordé par le FMI 690 millions USD sur 3 ans au titre de la Facilité élargie de crédit, en contrepartie d’un programme de mesures d’assainissement et de réformes structurelles dont la mise en place est en cours. Des négociations s’en sont suivies en vue de la restructuration de sa dette, débouchant notamment sur un accord de rééchelonnement avec le Club de Paris en juin 2022. Ce dernier prévoit le paiement des seuls arriérés au 31 décembre 2021 d’ici à 2024, le rééchelonnement des échéances initialement prévues de 2022 à 2024, ainsi qu’un accord de principe sur le rééchelonnement des échéances postérieures à 2024. Le rééchelonnement ne concerne que la dette publique extérieure due aux créanciers bilatéraux membres du Club. Celle-ci s’élevait au moment de l’accord à 94% du PIB, soit 2/3 de l’endettement public total, et sa part rééchelonnée à 2% du PIB, soit 1,4% de l’endettement public total. Cependant, les autres créanciers publics et privés sont incités à accorder les mêmes conditions, avec déjà un accord avec certains créanciers, notamment la Chine qui détient 11,5% de la dette publique. La mise en œuvre de l’accord signé avec le Club de Paris est liée à l’application des réformes prévues au titre de l’accord conclu avec le FMI. Les recettes budgétaires devraient être accrues en 2023 par une amélioration de la collecte fiscale ainsi que l’introduction d’une taxe sur la valeur ajoutée de 10% prévue en janvier 2023. De plus, les recettes minérales tirées de l’or et la hausse des redevances de l’exploration pétrolière contribueront à créer une marge de manœuvre budgétaire. De plus, le taux de redevance de l’extraction aurifère devrait augmenter en 2023, dans le sillage de premières augmentations déjà observées en 2022 pour les petites entreprises exportatrices d’or. Côté dépenses, l’amélioration de l’efficacité de la main d’œuvre publique (environ 50% des travailleurs) permettrait de réduire la masse salariale, tandis que les subventions sur le carburant et l’électricité pourraient être prudemment réduites. Ces évolutions pourraient amener un solde public légèrement positif, permettant une réduction de la dette publique (en % du PIB).

L’excédent commercial devrait diminuer et le déficit des services augmenter, car le surcroît de recettes minérales et touristiques sera plus que compensé par l’augmentation des importations d’équipements et de services nécessités par l’exploration. Les rapatriements de bénéfices par les sociétés étrangères resteront significatifs, excédant largement les remises des expatriés. Les financements extérieurs excéderont amplement le léger déficit courant grâce aux contributions du FMI et de la BID, ainsi qu’à l’accord de rééchelonnement. Les réserves de change devraient accroitre leur niveau déjà élevé et représenter environ 8 mois d’import.

 

Espoir d’une normalisation de la vie politique

Lors des élections législatives de mai 2020, le Vooruitstrevende Hervormings Partij (VHP) représentant historiquement la population indo-surinamaise, mais qui est parvenu à gommer sa dimension ethnique a remporté 20 sièges de députés sur 51 et est, ainsi, devenu le principal parti du pays, à la tête d’une coalition de quatre partis permettant au gouvernement d’avoir la majorité absolue. La victoire du VHP tient de la lassitude des électeurs à l’égard du NDP (Nationale Democratische Partij) dont les 10 ans de mandats ont été marqués par la mauvaise gestion économique et la corruption. Le nouveau président, Chan Santokhi, est impliqué dans la conduite des réformes structurelles, nécessaires pour la santé financière du pays, mais coûteuses en popularité. Bien que le président ait montré jusqu’ici sa volonté de mettre en place les différentes réformes, il a exprimé son souhait, en septembre 2022, d’obtenir des partenaires internationaux plus de flexibilité dans leur implémentation, arguant que le pays se dirige vers une structure économique « saine » mais à un prix trop coûteux pour la population, et qu’il convient de prendre en compte les revenus pétroliers à venir à partir de 2025. Sur le plan international, Santokhi est parvenu à fortifier ses relations avec les Etats-Unis et les Pays-Bas, après des relations tendues sous la précédente présidence. De surcroît, après un siècle de contentieux concernant la frontière matérialisée par des cours d’eau séparant le Suriname de la Guyane française, un accord a été signé en 2021, et Santokhi a été jusqu’à évoquer, en septembre 2022, la construction d’un pont pour relier les deux territoires et accroître la coopération franco-surinamaise.

 

Dernière mise à jour : Avril 2023

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