

Arabie saoudite
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (p) | |
---|---|---|---|---|
Croissance PIB (%) | -4,1 | 3,2 | 8,7 | 3,0 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 3,4 | 3,1 | 2,5 | 3,0 |
Solde public / PIB (%) | -11,2 | -2,3 | 5,5 | 4,0 |
Solde courant / PIB (%) | -3,2 | 5,3 | 16,0 | 12,0 |
Dette publique / PIB (%) | 32,4 | 30,0 | 25,0 | 25,0 |
(e) : Estimation (p) : Prévision *La dette publique brute
POINTS FORTS
- Producteur clé de pétrole avec plus de 15 % des réserves prouvées mondiales, rôle de premier plan au sein de l'OPEP
- Solides amortisseurs financiers
- Intensification des efforts de diversification économique dans le cadre du programme Vision 2030
- Amélioration des relations diplomatiques avec les pays voisins
- Population jeune et intégration croissante des femmes dans la population active
POINTS FAIBLES
- L'économie est toujours tirée par le secteur pétrolier et les dépenses budgétaires malgré les efforts de diversification et la lenteur des réformes
- Le pétrole représente toujours 60 % des recettes publiques
- Dépendance à l'égard des travailleurs étrangers
- Tensions persistantes avec l'Iran, incertitudes géopolitiques
appréciation du risque
Une croissance forte grâce à la hausse des revenus des hydrocarbures
Frappée par la chute des prix/demande de pétrole et la COVID-19 en 2020, l'économie saoudienne verra sa reprise s'accélérer fortement en 2022, principalement grâce à la hausse des prix du pétrole et à l'augmentation de la production (les hydrocarbures représentent 35 à 40% du PIB). La production pétrolière du Royaume, qui s'élevait à 9,8 millions de barils par jour (b/j) en octobre 2021, devrait augmenter de près de 12 millions de b/j en 2022. L'assouplissement des mesures liées à la COVID-19, grâce aux progrès de la vaccination, et la hausse des crédits à la consommation soutiendront la consommation privée (environ 40 % du PIB) malgré la hausse des taux d'intérêt. Grâce à l'assouplissement des restrictions sur les voyages, les recettes du tourisme, y compris celles provenant des pèlerins hadjs (contribution au PIB de 3 % avant la pandémie), devraient augmenter de plus de 90 % en glissement annuel pour atteindre 8 milliards USD en 2022. L'investissement (22 % du PIB) continuera de croître sous l'effet de la hausse des prix du pétrole. Les autorités cherchent à accroître la diversification de l'économie afin de réduire la dépendance à l'égard du pétrole et des importations ("Made in Saudi") dans le cadre de leur programme "Vision 2030", notamment avec le développement de six giga-projets d'une valeur de 7 000 milliards USD (dont le projet de la mer Rouge, Neom, Amaala, Qiddiya, etc., dans les secteurs du tourisme, des loisirs, de la construction et des infrastructures). Les principales sources de financement seront le Fonds d'investissement public (FIP) et les investissements étrangers. Le gouvernement vise à attirer davantage d'investissements, tant nationaux qu'étrangers, par le biais de privatisations et de partenariats. On s'attend à davantage d'investissements étrangers après que le gouvernement a annoncé en 2021 qu'il ne travaillerait plus avec les entreprises étrangères dont le siège régional ne serait pas situé dans le Royaume après 2023. La révision des droits de douane sur les importations en provenance d'autres pays du Golfe pourrait avoir un effet similaire. Les exportations nettes (5-6% du PIB) contribueront également davantage à la croissance, en lien avec l'expiration des restrictions d'approvisionnement de l'OPEP+ et une hausse des exportations de pétrole. Les pressions inflationnistes devraient diminuer en 2022 à mesure que l'impact du triplement de la TVA en 2020 s'estompe, mais elles resteront supérieures aux normes historiques en raison des augmentations mondiales des prix de l'énergie, des denrées alimentaires et des transports dans le sillage de la guerre en Ukraine, et malgré la réglementation de ces prix.
Des excédents extérieurs et budgétaires en hausse
Les prix élevés de l'énergie (les hydrocarbures représentent 70 % des recettes d'exportation totales) et la décision de l'OPEP d'augmenter la production de pétrole alimenteront l'excédent de la balance courante de l'Arabie saoudite, malgré un ralentissement de la croissance de la Chine, principal marché d'exportation du Royaume. D'autre part, la hausse de la demande intérieure et l'assouplissement des restrictions aux voyages entraîneront une augmentation de la demande d'importations de biens d'équipement et de consommation ainsi que des voyages à l'étranger. Les réserves internationales du Royaume (450 milliards USD en avril 2022) et la valeur nette de 500 milliards USD estimée dans son fonds souverain (Fonds d'investissement public) permettront au pays d'honorer facilement ses obligations en matière de dette libellée en devises étrangères et de maintenir facilement l'ancrage au dollar américain. La dette extérieure s'élevait à 31 % du PIB au premier trimestre 2022, dont 60 % étaient privés et 40 % publics. Le Royaume doit s'acquitter d'un total de 77,6 milliards USD d'obligations de dette arrivant à échéance libellées en devises étrangères entre 2021 et 2025, ce qui ne représente pas un défi majeur étant donné les solides amortisseurs financiers.
Les prix record de l'énergie suite à la guerre en Ukraine (prix d'équilibre budgétaire estimé à 79 USD par baril en 2022, alors que Coface prévoit des prix du pétrole à 115 USD par baril en moyenne en 2022) et l'augmentation de la production pétrolière entraîneront un excédent budgétaire. L'augmentation des dépenses des ménages y contribuera également par le biais de recettes fiscales plus élevées. Bien que l'envolée des recettes pétrolières puisse inciter le gouvernement à assouplir la consolidation fiscale, les excès de dépenses ne devraient pas être démesurés. Les dépenses budgétaires en capital devraient augmenter légèrement, passant de 3,7 % du PIB en 2021 à 3,8 % du PIB en 2022, tandis que les dépenses courantes devraient s'établir à 24 % du PIB en 2022, contre près de 30 % en 2021. La dette publique, à 31% du PIB au premier trimestre 2022, dont 60% d'origine intérieure, verra son poids diminuer.
Modification des équilibres régionaux
Après l'annonce des accords d'Abraham en 2020 qui ont initié un rapprochement diplomatique entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn (rejoints ensuite par le Soudan et le Maroc), il semble que l'Arabie saoudite, malgré certains signes de rapprochement, gardera son option de normalisation ouverte. En outre, des pourparlers ont eu lieu en Irak entre l'Arabie saoudite et l'Iran au cours de l'année 2021, suite à la réduction de la présence américaine dans la région et à leur volonté de reprendre les négociations nucléaires avec l'Iran. En outre, la nécessité pour l'Arabie saoudite de s'extraire de la guerre de sept ans au Yémen, où elle combat les rebelles Houthis soutenus par l'Iran, et l'intention de l'Iran d'établir des relations régionales, sont d'autres raisons qui encouragent les deux pays à entamer un dialogue. Toutefois, aucun résultat concret n'est susceptible d'apparaître prochainement. Par ailleurs, le Royaume continuera de considérer les États-Unis comme le garant de sa sécurité, même s'il semble vouloir réduire sa dépendance en termes de systèmes de défense. Enfin, le récent rapprochement avec la Turquie permettrait également d'apaiser les tensions régionales et de reconstruire les liens commerciaux bilatéraux.
Dernière mise à jour : Juillet 2022