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Guinée

Guinée

Population 14,3 millions
PIB par habitant 1 128 $US
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Evaluation des risques pays
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Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p)
Croissance PIB (%) 4,9 4,0 4,6 5,5
Inflation (moyenne annuelle, %) 10,6 12,5 11,4 10,0
Solde public / PIB (%) -3,1 -1,7 -1,9 -3,0
Solde courant / PIB (%) -13,7 -1,3 -7,0 8,0
Dette publique / PIB (%) 47,0 42,0 39,0 37,5

(e) : Estimation (p) : Prévision *Dons compris **Transferts officiels inclus

POINTS FORTS

  • Un tiers des réserves mondiales de bauxite
  • Gisements de fer, d’or, de diamant, d’uranium et de pétrole encore largement inexploités
  • Potentiel hydro-électrique important

POINTS FAIBLES

  • Dépendance aux cours des produits miniers et de l’énergie
  • Dépendance à la demande chinoise de bauxite
  • Faiblesse des recettes publiques (13 % du PIB)
  • Manque d’infrastructures, notamment dans le secteur électrique et les transports
  • Forte pauvreté (44 % de la population)
  • Environnement des affaires difficile
  • Faiblesse structurelle au niveau de l’agriculture

Appréciation du risque

Le secteur minier, moteur de la croissance

Même si elle a accéléré, la croissance de l’économie guinéenne aurait pu être plus importante en 2022. En effet, la guerre en Ukraine, qui a généré un renchérissement des importations, le ralentissement de la demande chinoise, et l’instabilité politique, qui a détérioré l’environnement des affaires, sont venues la perturber. La croissance guinéenne devrait encore progresser en 2023. Cette nouvelle accélération sera encore due essentiellement à l’extraction minière, notamment d’or, qui représente 50 % des exportations, et de bauxite (44 %). Ces exportations de minerais (60% du PIB en 2021) seront portées par leur production accrue. Elles contribuent à l’appréciation de la monnaie guinéenne, ce qui permet d’atténuer la facture d’importations, malgré la hausse des prix mondiaux de l’alimentation et de l’énergie, et aussi de maintenir la couverture des importations par les réserves de change qui devraient représenter en moyenne l’équivalent de 4 mois de celles-ci en 2022-2023 (supérieur au minimum de trois recommandé par les instances internationales). La Guinée continuera de bénéficier de ses accords avec la Côte d’Ivoire lui permettant d’importer de l’électricité et ainsi de s’assurer une plus grande stabilité de son approvisionnement. L’investissement dans le secteur minier demeurera le principal moteur de l’économie avec notamment le projet d’exploitation des gisements de fer de Simandou. Ce projet a été stoppé par deux fois, en mars et en juin 2022, sur ordre de la junte guinéenne, ceci avec l’objectif d’obtenir des conditions plus favorables (en terme de nombre d'emplois, et d’impôts) pour l’économie guinéenne et une feuille de route pour la construction du TGR, un coûteux chemin de fer trans-guinéen (TGR) de 650 km qui permettra d’amener le minerai jusqu’à la côte, sans passer par le port libérien de Monrovia, pourtant beaucoup plus proche. Cela a permis notamment la signature de la convention de création de la co-entreprise « Compagnie du TransGuinéen » entre la Guinée, la société chinoise « Winning Consortium Simandou » et la société anglo-australienne « Rio Tinto-Simfer ». La co-entreprise permettrait à l’Etat guinéen d’avoir une participation gratuite et non diluable au capital du chemin de fer et du nouveau port en eau profonde de Conakry à la hauteur de 15%. Par ailleurs, le secteur agricole emploie plus de 60 % de la population, mais croît faiblement et ne contribue que pour 23% au PIB. Dans ce contexte, même si l’appréciation du franc guinéen contiendra l’inflation de l’alimentation et des engrais importés, la consommation des ménages (63% du PIB) progressera modérément.

 

Les IDE et les prêts-projets à la base des financements

Le déficit budgétaire, mis à part un léger pic en 2020, se situe à un niveau très bas. Il devrait cependant franchir le seuil des 3% en 2023 en raison, notamment, du tassement des recettes liées aux activités extractives lié aux cours moins favorables de l’or et de la bauxite, mais aussi des dépenses sécuritaires et d’infrastructures qui demeureront élevées. La dette publique devrait, quant à elle, légèrement s’alléger grâce à l’accélération de la croissance économique. Cette dette est majoritairement extérieure (56 % du total), part détenue à 70% par la Chine, le solde par les organismes multilatéraux.

Le déficit courant devrait se creuser. En 2021, il a connu une résorption importante grâce à l’excédent commercial, qui a augmenté considérablement en raison de l’effondrement des importations lié à la réduction de la demande intérieure. Il a rebondi en 2022, sans toutefois retrouver son niveau antérieur, car les exportations accrues de minerais ont compensé en partie la facture renchérie des importations d’énergie, d’alimentation et de biens nécessités par les investissements. En 2023, il subira le creusement du déficit des revenus primaires en raison du rapatriement croissant de bénéfices par les sociétés minières étrangères. L’excédent des revenus secondaires baissera en raison de la présence de la junte qui constituera un frein à l’aide internationale. La balance commerciale demeurera excédentaire en raison des recettes d’exportation de bauxite, de diamant et d’or, mais pâtira de l’augmentation de la demande en biens d’équipement à mesure que la construction se renforce. Le déficit de la balance des services persistera, en raison des importations de services nécessaires aux projets miniers. Le déficit du compte courant sera financé par les IDE, notamment dans le secteur minier.

 

Instabilité politique

Suite au coup d’Etat orchestré le 5 septembre en 2021 par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, mettant fin à la présidence contestée de l’autocratique Alpha Condé et à son arrestation après 11 ans de pouvoir, la Guinée vit une période de forte instabilité. En effet, après l’arrivée au pouvoir de la junte, de nombreuses manifestations ont eu lieu pour demander une transition courte avant le retour à un régime civil, à l’image de celles du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) qui regroupe les mouvements d’opposition, malgré sa dissolution le 8 aout 2022 par le Comité national pour la réconciliation et le développement (CNRD) représentant la junte militaire. Alors que la population était initialement favorable au coup d’état, elle est devenue très méfiante à l’égard de la junte et de son gouvernement de transition qui répriment violemment les protestations. Cela renforce l’instabilité politique pesant sur l’environnement des affaires et susceptible de ralentir les IDE dans le secteur minier.

Concernant les relations internationales, la Facilité de crédit élargie du FMI qui a pris fin en décembre 2020 ne sera vraisemblablement pas renouvelée avant le retour à un gouvernement civil démocratiquement élu, malgré les efforts budgétaires du pays. La Guinée a été suspendue de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine en septembre 2021. La CEDEAO pourrait soumettre la Guinée à des sanctions économiques supplémentaires à celles décrétées le 23 septembre 2022 comprenant le gel des avoirs financiers des dirigeants, assujetti d’une "interdiction de voyager", ainsi que la suspension de toute assistance et transaction financière en faveur de la Guinée par les institutions financières de la CEDEAO. Cette dernière juge le délai de 36 mois pour l’organisation d’élections démocratiques trop long. Ces sanctions n’auraient qu’un effet limité en raison de la dépendance faible de la Guinée au commerce avec le bloc régional. De même, la suspension de la Guinée de la Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique du gouvernement américain(AGOA), n’handicapera pas réellement son commerce. Cette résilience est notamment due aux relations entretenues avec les Emirats arabes unis, l’Inde et surtout la Chine, compte tenu des intérêts miniers de celle-ci en Guinée.

 

Dernière mise à jour : Avril 2023

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