Economie brésilienne : la panne ?

Septième économie mondiale (et deuxième émergente) par la taille de son PIB, le Brésil est le pays émergent par excellence. Il a brillamment passé l'épreuve de la grande crise de 2009, démontrant la solidité de ses fondamentaux économiques et la maturité de ses institutions politiques. Mais depuis deux ans, l'optimisme légendaire des Brésiliens est mis à rude épreuve : faiblesse de la croissance, perte de compétitivité industrielle et, plus récemment, manifestations massives d'une population qui s'impatiente… Le moteur brésilien peut-il être réparé ?
Ce panorama propose un focus global, abordant les défis économiques, les enjeux sociopolitiques et l’analyse sectorielle. La panne de croissance et les tensions sociales sont le résultat de problèmes structurels qui relèvent moins des politiques économiques classiques que de réformes touchant aux infrastructures et à l’éducation. Autant de questions, comme le souligne Cristiano Souza de Santander, «qui ne peuvent pas être résolues à court terme». Dans ce contexte de croissance faible, le taux de défaut de paiement des entreprises ne pourra pas baisser, selon Luiz Rabi de Serasa. D’un côté, les entreprises profitent de la bonne tenue de la demande des ménages. Mais de l’autre, les taux d’intérêt et la faiblesse de l’activité globale pèsent sur leurs performances.
Dans toutes les analyses sectorielles présentées dans ce panorama (chimie, sidérurgie, automobile, distribution, agroalimentaire), le fameux « coût Brésil » revient comme un handicap déterminant. Par exemple, le coût de l’énergie pèse sur la sidérurgie ; les pressions haussières sur les salaires érodent la compétitivité de l’industrie chimique. Les petits producteurs du secteur agricole souffrent du manque d’accès aux nouvelles technologies. Toutefois, le tissu entrepreneurial du Brésil bénéficie de deux points forts. Le premier est l’implication forte et constante des autorités qui n’hésitent pas à aller jusqu’au protectionnisme. Fernando Figueiredo, Président de l’Association de l’industrie chimique, analyse le conseil de compétitivité consacré à la chimie, initié par l’exécutif, comme « un coup de pouce final » à la reprise. Le second point fort est le dynamisme des revenus de la classe moyenne qui participe certes à la hausse des coûts mais qui soutient l’automobile et le commerce de détail, deux secteurs phares. La classe moyenne brésilienne qui s’équipe attire les convoitises des investisseurs internationaux, en témoigne l’intérêt des constructeurs automobiles coréens et chinois. Bref, le pays a de sérieuses cartes en main pour espérer le redémarrage de cet immense marché…
SOMMAIRE
Economie brésilienne : la panne ?
Par Rémy Carasse et Yves Zlotowski
Une société sous tension
Par Dominique Fruchter
INTERVIEWS
Cristiano Souza - Economiste, Santander
Luiz Rabi - Economiste, Serasa Experian
Fernando Figueiredo - Président, Abiquim
FOCUS SECTORIEL
Par Patricia Krause
Chimie :
un essor impressionnant, mais une compétitivité fragile
Sidérurgie :
des atouts pour inverser des résultats décevants
Automobile :
le quatrième marché du monde attise les convoitises
Distribution :
force motrice de l’économie
Agroalimentaire :
un nouveau plan de relance après le revers de 2012