Chimie

Asie-Pacifique
Risque élevé
Europe centrale et de l'est
Risque élevé
Amérique Latine
Risque élevé
Moyen-orient et Turquie
Risque moyen
Amérique du Nord
Risque moyen
Europe de l'Ouest
Risque élevé

Résumé

Points forts

  • Certaines entreprises de chimie de spécialité bénéficient de produits innovants destinés à lutter contre les risques environnementaux
  • Les entreprises de chimie de spécialité sont moins vulnérables aux changements du cycle économique que celles de la pétrochimie
  • Forte appétence des émergents pour la constitution d’industries pétrochimiques domestiques

Points faibles

  • Un environnement réglementaire plus strict oblige les producteurs à revoir leurs modèles commerciaux
  • Des risques juridiques importants résultant des effets de certains produits chimiques sur la santé humaine
  • Les prix élevés des matières premières rendent les opérations difficiles et réduisent les marges
  • Un risque de surcapacité apparaît dans certains segments pétrochimiques du fait d'investissements faits aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et en Asie

Evaluation des risques sectoriels

Trois segments font l’objet de notre attention lorsqu’il s’agit du secteur chimique : la pétrochimie, la chimie de spécialité et les fertilisants. Les produits pétrochimiques sont plus sensibles à l’évolution des conditions économiques, globales tandis que les produits chimiques de spécialité semblent beaucoup plus résistants, alors que les fertilisants obéissent plus aux aléas touchant le secteur agroalimentaire.

En 2024, Coface prévoit que la pétrochimie continuera, notamment, de subir les contrecoups d’ordre géopolitique et la dégradation de la conjoncture économique mondiale, notamment l’activité industrielle. Un effet ciseaux affecte les marges des industriels : d’un côté avec une baisse de la demande globale ; de l’autre avec une hausse du prix des intrants et de l’énergie. En outre, des délocalisations au plus proche des sources d’énergie ainsi qu’une intégration approfondie de la filière se profilent et risquent d’accroître les déséquilibres entre offre et demande. L’incertitude à moyen terme s’accroît alors que les capacités de production vont croître dans les années qui viennent, notamment en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique du Nord.

Enfin, la voie de la neutralité carbone (Net Zero) incitera les entreprises du secteur à réduire leur empreinte environnementale afin d’avoir accès aux financements, ainsi qu’à éviter les risques de litige qui augmentent en raison de la pression croissante des activistes.

Perspectives économiques du secteur

Les entreprises de la pétrochimie vont continuer de pâtir d’une baisse de la demande mondiale et de coûts élevés de l’énergie

Le contexte de ralentissement de l’économie mondial anticipé par Coface cette année (croissance du PIB nominal mondial à 2,4% contre 2,6% en 2023) implique, pour l’industrie de la chimie, une croissance moindre de la demande, notamment dans les principaux secteurs-clients (automobile et construction). En outre, certains de ces secteurs font face à du déstockage, après la frénésie vécue en 2021-2022. Ce phénomène tend à réduire la demande en produits pétrochimiques et la reconstitution des stocks ne devrait pas advenir avant la fin du premier semestre de cette année.

Les tensions inflationnistes autour de l’énergie vont continuer de constituer un risque pour les acteurs du secteur qui ne disposent pas d’un accès facilité aux intrants tels que le naphta et l’éthane. De plus, les cours de l’énergie devraient demeurer élevés. Coface prévoit que le baril de Brent devrait s’établir en moyenne à 82 USD le baril pour 2024 (contre 83 USD en moyenne en 2023). Ceci devrait peser sur les entreprises de l’industrie pétrochimique et notamment sur la rentabilité des vapocraqueurs utilisant du naphta. Les chocs combinés que constituent les pressions sur les coûts et le ralentissement des ventes, débuté en 2022 et devant se prolonger cette année, exercent une pression sur la rentabilité de nombreuses filières en Europe (fertilisants, pétrochimie, mais aussi certains segments de la chimie de spécialité) et en Asie (polymères), avec des prix de vente à la baisse.

Portés jusqu’en 2022 par des marges solides, les incitations aux investissements dans les vapocraqueurs en Europe s’amenuisent avec les incertitudes à moyen-terme liées aux perspectives de croissance et aux conflits en Ukraine et au Proche-Orient, ainsi qu’avec les coûts élevés de financement et de refinancement. Ainsi, les prix mensuels moyens de l’éthylène en Europe ont connu un pic à 2 500 USD par tonne en mars 2022, avant de chuter à 750 USD/t en 2023. Avec le ralentissement économique en cours, cette tendance devrait perdurer en 2024. En outre, la hausse de la production d’éthylène d’ici 2026 devrait se concentrer sur les Etats-Unis et le Moyen Orient, plus compétitifs grâce à des complexes gaziers portés par des réserves en ressources solides.

Après avoir atteint des niveaux élevés en 2021 à la suite du choc de demande post-pandémique, les prix du polychlorure de vinyle (PVC) se sont effondrés depuis mi-2022, passant de 1 240 USD/t en moyenne durant cette année à 776 USD/t en 2023. La conjoncture difficile dans le secteur de la construction va continuer à peser en 2024 sur les cours du PVC. En outre, les surcapacités en Chine de produits constitués de PVC, qui est un produit de commodité seulement différentiable par le prix, devrait entraîner une concurrence toujours plus accrue entre régions, les producteurs cherchant ainsi à protéger leurs parts de marché. L’augmentation des capacités de production dans ce pays, qui vise à devenir autosuffisant dans l’éthylène et ses dérivés, risque d’accroître les déséquilibres déjà conséquents.

Dans l’ensemble des régions du monde, les entreprises du secteur seront confrontées à des difficultés pour financer et refinancer leurs dettes en 2024 et les années qui suivront. Cela sera particulièrement marqué pour les entreprises ayant un profil de crédit plus risqué (BB et inférieur), qui devront conjuguer des positions de liquidité plus fragiles alors que leurs obligations de remboursement seront plus importantes. En outre, les entreprises qui ont contracté des dettes à taux variables pour financer notamment leur plan d’expansion, feront face aussi à des difficultés à partir de 2024, lorsque leurs engagements arriveront à maturité.

Les entreprises productrices de fertilisants résistent mieux

Les prix des fertilisants ont subi une forte décélération depuis les plus hauts atteints en 2021-2022, mais demeurent élevés. Ainsi, les cours du phosphate ont dévissé de près de 30 % entre 2022 et 2023 passant, en moyenne, de 855 USD/t à 611 USD/t. Néanmoins, sur la fin d’année 2023, les cours se sont repris en raison d’une demande plus solide en vue des récoltes de la saison 2024, et d’une offre en retrait. L’urée et le nitrate d’ammonium (UAN en anglais), autre fertilisant d’importance a vu ses cours moyens divisés par deux entre 2022 et 2023 (597 $/T contre 308 $/T). La demande s’est montrée relativement prudente en 2023, les clients ayant constitué des stocks durant une phase d’environnement de prix élevés. Toutefois, les stocks se sont amenuisés ces dernières semaines, un signe indiquant un retour probable de la demande dans les mois qui viennent pour préparer la saison de 2024.

La profitabilité des acteurs du segment des fertilisants a chuté de plus de 8 points de pourcentage entre son pic du quatrième trimestre 2022 (33,7%), pour s’établir à 25,5% au second trimestre 2023. Elle devrait demeurer élevée en 2024, tout du moins durant le premier semestre, comme l’indique la direction des prix des principaux fertilisants. Cette hausse est induite par une offre en retrait et une demande qui devra nécessairement revenir sur le marché pour préparer la fertilisation des terres agricoles en vue de la saison 2024.

Marges en baisse pour la chimie de spécialité

La profitabilité du segment a baissé de près de 5 points de pourcentage entre le T3 2022 et le T3 2023. Cette chute est induite par les difficultés des entreprises opérant sur les sous-segments servant les industries automobile, de la consommation alimentaire et des produits ménagers, dont les volumes de vente ont souffert de l’environnement inflationniste. En outre, les entreprises qui fournissent des produits pour les producteurs de batteries électriques font face à une croissance des ventes de véhicules électriques plus faible en Chine, premier marché mondial, devant l’Europe et les Etats-Unis. L’autre grand facteur expliquant ces performances financières moindres est le déstockage effectué par les entreprises produisant des batteries. Avec des taux de pénétration se normalisant, notamment en Europe, il faudra s’attendre en 2024 à voir une moindre croissance des volumes de vente. Enfin, les constructeurs de véhicules électriques baissant leurs prix, ils devraient donc contraindre leurs fournisseurs à en faire de même pour préserver leurs marges.

La reconfiguration sectorielle continuera d'être stimulée par la réglementation et l'évolution des préférences des consommateurs

Comme de nombreux secteurs, l'industrie chimique est confrontée à des réglementations environnementales plus strictes. Le secteur chimique produit beaucoup d'émissions de carbone et de sous-produits toxiques, ce qui en fait une cible pour les militants, qui font pression pour réduire son empreinte environnementale et son impact sur la santé humaine. Ces règles, qui visent à limiter les risques environnementaux découlant des processus de production, contribuent à augmenter les coûts de production en ajoutant plusieurs niveaux de complexité.

Plusieurs domaines sont mis en avant, de la sécurité des travailleurs aux effets sur le climat et les ressources naturelles. Les gouvernements de nombreuses économies avancées et émergentes accordent une attention particulière aux considérations environnementales dans le cadre des préoccupations croissantes de l'opinion publique concernant la prévention du changement climatique et les questions de santé publique, qui suscitent des appels à la modification des modèles de production utilisés par les entreprises du secteur.

A titre d’exemple, la stratégie européenne pour la durabilité des produits chimiques (CSS en anglais) vise à limiter la production de substances qui ont des effets délétères sur la santé humaine en Europe.

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