Bois

Asie-Pacifique
Risque élevé
Europe centrale et de l'est
Risque très élevé
Amérique Latine
Risque élevé
Moyen-orient et Turquie
Risque élevé
Amérique du Nord
Risque élevé
Europe de l'Ouest
Risque élevé

Résumé

Points forts

  • Matériau valorisé dans le cadre de l’essor des constructions « durables »
  • Source d’énergie peu émettrice en CO2
  • Packaging carton favorisé par l’essor du e-commerce

Points faibles

  • Dépendant du secteur de la construction, encore fragile dans les principaux marchés
  • Vulnérable aux prix de l'énergie
  • Coûts importants liés aux efforts d’adaptation des acteurs du secteur à une réglementation plus stricte concernant l’exploitation du bois pour préserver les forêts
  • Exploitation du bois vulnérable au changement climatique
  • Déclin structurel du segment des papiers graphiques

Evaluation des risques sectoriels

En 2024, l'industrie du bois a été confrontée à une faible demande mondiale, largement pénalisée par le ralentissement de l'activité dans le secteur de la construction. Les perspectives du secteur sont modérément à la hausse à l'horizon 2026. La demande en bois énergie et en bois d'œuvre, qui représentent respectivement la moitié et près de 30 % de la production de bois rond, devrait progressivement s'améliorer dans un contexte de transition énergique et de signes de reprise dans le secteur de la construction. Cependant, la consommation de bois de trituration pourrait ralentir en raison du ralentissement du commerce mondial et de l'activité économique.

À l'avenir, l'évolution des politiques commerciales, telles que les droits d'importation américains et la mise en œuvre du règlement européen sur la déforestation, pourrait accroître la volatilité du marché. À plus long terme, le changement climatique continuera d'avoir un impact sur l'offre en bois, la hausse des températures favorisant la fréquence des incendies de forêt et facilitant la propagation des parasites et des maladies forestières.

Les pressions à la hausse potentielles sur le bois brut ou scié posent des défis aux entreprises en aval. Les pays asiatiques, qui dépendent généralement des importations de bois pour la transformation et la production d'articles en bois, pourraient être particulièrement touchés. En revanche, les producteurs nord-américains, notamment au Canada, sont mieux positionnés.

Perspectives économiques du secteur

Reprise progressive de la demande en bois

L'année 2024 a été marquée par une faible demande mondiale en bois et en articles dérivés du bois, malgré la reprise du commerce de marchandises, qui a augmenté de 2,9 % après une contraction de 1 % l'année précédente. La faiblesse de l'activité dans le secteur de la construction, dans un contexte de taux d'intérêt toujours élevés en Europe et aux États-Unis, a continué de peser sur l'industrie. Les acteurs de ce secteur ont donc revu leurs prix à la baisse. Dans l'UE, les prix à la production pour la fabrication de bois, articles en bois, liège, paille et matériaux à tresser ont diminué de 2,2 % en 2024. De même, l'indice des prix à la production américain pour le bois et les produits dérivés du bois a baissé de 1,4 %.

Bien que restant fragile, le secteur a entamé une reprise au cours du premier semestre 2025, tirée principalement par la construction. Celle-ci devrait se poursuivre en 2026, profitant aux producteurs de bois rond. Ceux-ci sont principalement situés dans l’Union Européenne (12% du volume de la production mondiale de bois rond), menée par l'Allemagne, la Suède, la Finlande et la France. Les États-Unis (11 %), l'Inde (9 %), la Chine (8 %) et le Brésil (8 %) complètent le top 5, représentant ensemble plus de 50 % de la production mondiale de bois rond. Le bois rond est généralement classé en trois catégories, selon la qualité, la partie de l'arbre utilisée, et de l'espèce. Chacune de ses catégories correspond à une utilisation principale distincte. La première est le bois énergie, qui est principalement utilisé pour produire de la chaleur et représente environ la moitié de la production mondiale de bois rond. En raison de son caractère renouvelable et de sa neutralité carbone lorsqu'il est récolté de manière durable, le bois est de plus en plus précieux dans le cadre de la transition vers les énergies vertes. L’expansion de la production de granulés de bois, fabriqués à partir de résidus de bois, reflète cette tendance. La production mondiale a augmenté de 2,9 % en moyenne par an entre 2019 et 2023. Néanmoins, et malgré l’importance de ce segment, les marchés mondiaux du bois restent peu sensibles aux évolutions du bois énergie. Ceci est notamment expliqué par le fait que le segment est quasi exclusivement national - les exportations mondiales représentant environ 0,3 % de la production – et par le fait que cette catégorie de bois ne rentre pas en concurrence directe avec les autres types de bois rond, destinés à des fins industrielles.

La deuxième catégorie de bois est le bois d'œuvre, qui représente 28 % de la production de bois rond. Elle comprend le bois tendre - comme le pin, le sapin et l'épicéa - largement utilisé dans la charpente des bâtiments, et le bois dur - comme le chêne, l'érable et le noyer - privilégié pour des applications telles que les revêtements de sol et les meubles. Dans l'Union européenne, les premiers signes d'une reprise de la construction, avec une augmentation du nombre de permis de construire résidentiels au cours du premier semestre 2025, présage une hausse de la demande de bois d’œuvre. En outre, cette dynamique dans le domaine des permis de construire devrait se poursuivre, soutenue par la poursuite de l'assouplissement monétaire prévu au second semestre de cette année. Aux États-Unis, bien que le secteur reste en difficulté, l'assouplissement lent mais continu de la politique monétaire prévu au cours de l'année 2026 et la pénurie de logement pourrait stimuler l'activité de construction. Cela pourrait favoriser l'activité des scieries américaines, qui a stagné, voire légèrement reculé au cours des quatre dernières années. À l'inverse, le secteur chinois de la construction devrait rester atone.

Au-delà de la reprise cyclique, la demande de bois d’œuvre est de plus en plus renforcée par son positionnement en tant que matériau conforme aux objectifs de développement durable. Ainsi, le bois gagne du terrain en tant qu'alternative à l'acier dans les structures de toiture et autres composants de construction. Ces développements devraient particulièrement bénéficier aux pays exportateurs de bois d'œuvre tendre, car ce produit représente les deux tiers de la production totale de bois d'œuvre. Selon ReportLinker, l'UE occupe la première place avec près de la moitié des exportations mondiales de ce type de bois d'œuvre, suivie du Canada (22 %) et de la Russie (16 %).

La demande pour le bois de trituration (18 % de la production de bois rond) pourrait subir un ralentissement. Cette catégorie est principalement utilisée pour la fabrication de pâte à papier et, in fine, de papier et de produits dérivés. La croissance de la consommation de ces produits, en particulier des emballages à base de papier (70 % du volume des produits dérivés du papier), pourrait pâtir du ralentissement de la croissance économique et du commerce mondial en 2025 et 2026.

Risque accru de volatilité des prix du bois

L'amélioration des fondamentaux de la demande devrait entraîner une tendance à la hausse, bien que légère, des prix du bois et des produits dérivés du bois. Après deux années de baisse, les prix mondiaux du bois ont commencé à se redresser. Après avoir chuté de 14,5 % entre 2022 et 2024, l'indice des prix des matières premières du FMI pour le bois, qui englobe le bois scié dur et tendre, a augmenté de 1,5 % au premier semestre 2025 par rapport à la même période de l'année précédente. Ces fondamentaux restent globalement fragiles, ce qui limite les perspectives d’une augmentation significative des prix à l’échelle mondiale.

Toutefois, les mesures commerciales américaines concernant le bois et les produits dérivés pourrait exercer une pression haussière sur les prix aux Etats-Unis. Après avoir lancé, en mars 2025, une enquête au titre de l'article 232 de la loi sur l'expansion du commerce (Trade Expansion Act) concernant les importations de bois et de produits dérivés, l'administration américaine a introduit des droits de douane sur les importations de bois tendre ainsi que sur certains meubles en bois. Entrés en vigueur le 14 octobre 2025, les droits de douane sur les meubles seront relevés à partir du 1er janvier 2026. Les tarifs appliqués sur le bois tendre affectent principalement le Canada, qui représente environ 80 % des importations américaines. Bien que ces dernières devraient être exemptées de ces nouveaux droits grâce à un accord commercial (ACEUM), le gouvernement américain a néanmoins augmenté, durant l’été 2025, les droits compensateur et anti-dumping sur le bois d'œuvre résineux canadien. Cette décision a entrainé une hausse du taux combiné 14.34% à 35.19% pour la plupart des entreprises du pays. En ce qui concerne les meubles en bois, les principales économies touchées sont le Vietnam, la Chine, et le Mexique. De nouvelles annonces tarifaires pourraient engendrer une volatilité accrue des prix. Par exemple, l'élection du président Donald Trump, qui avait menacé d'imposer un droit de douane de 25 % sur tous les produits canadiens avait contribué à exercer une pression à la hausse sur les prix du bois d'œuvre aux États-Unis. Les contrats à terme de septembre 2025 avaient bondi de près de 25 % au premier trimestre 2025 sur le Chicago Mercantile Exchange.

Pendant ce temps, de l'autre côté du globe, le règlement européen sur la déforestation (EUDR), qui régit le commerce de la région, notamment celui du bois et des produits dérivés, devrait entrer en vigueur le 30 décembre 2025. Ce règlement vise à garantir que les produits consommés et exportés par l'UE ne contribuent pas à la déforestation ou à la dégradation des forêts à l'échelle mondiale. Couvrant également des produits de base tels que le café ou l'huile de palme, le commerce européen de bois et de ses dérivés sera affecté. La mise en conformité entraînera probablement des coûts plus élevés pour les entreprises du secteur du bois, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'UE, en raison des investissements nécessaires, notamment dans les technologies de traçabilité. Au sein de l'UE, l'EUDR rendra les importations plus complexes, ce qui pourrait entraîner des perturbations dans la chaîne d'approvisionnement.

D'autre part, le réchauffement climatique contribue également à la volatilité des prix du bois. La hausse des températures augmente la fréquence et l'intensité des incendies de forêt, ce qui a un impact significatif sur l'approvisionnement en bois brut. Selon le World Resources Institute, les incendies ont connu une recrudescence ces dernières années, 2024 étant l'année la plus extrême en matière d'incendies de forêt, dépassant le précédent record de 2023. Le réchauffement climatique affecte également l'approvisionnement en bois en favorisant l'émergence et la survie d'espèces envahissantes et de maladies forestières.

Des expositions différentes aux fluctuations du prix du bois

Une hausse des prix du bois brut et du bois scié pourrait constituer un risque pour les entreprises en aval de la chaîne d'approvisionnement en bois. Dans un contexte de demande toujours fragile, les entreprises pourraient avoir du mal à répercuter intégralement la hausse des coûts des intrants sur leurs clients, ce qui entraînerait une compression des marges. Ce risque est particulièrement aigu dans les pays qui dépendent fortement des importations de bois brut ou légèrement transformé. Bien que plusieurs pays asiatiques possèdent des ressources forestières nationales, ils importent du bois peu transformé pour exporter des articles en bois tels le contreplaqué ou la vaisselle et des ustensiles de cuisine en bois. Cette dépendance aux importations a limité la mesure dans laquelle les entreprises asiatiques ont pu bénéficier de l’envolée des prix mondiaux du bois en 2021 et 2022. Sur la base d'un panel d'entreprises cotées en bourse actives dans l'industrie du bois, nous observons que la marge EBITDA médiane de la région a augmenté de moins de deux points au cours de la période par rapport à la moyenne d'avant la pandémie, passant de 9,4 % entre 2015 et 2019 à 11,3 % en 2021.

Les entreprises européennes du secteur ont davantage profité de cette flambée des prix. Plusieurs pays de la région, y compris la Suède, la Finlande et l’Allemagne, exportent du bois peu transformé. Ainsi, la marge EBITDA médiane de la région augmenta de 12,2% en moyenne sur 2015-2019 à 15,5% en 2021.

Mais ce sont les entreprises nord-américaines qui ont le plus tiré profit de cet épisode. Elle dépendant également de l'exportation de bois peu transformé, en particulier au Canada, le pays étant un exportateur net de bois scié. En 2021, la marge EBITDA médiane du secteur du bois dans la région a bondi à 20 %, contre 10,4 % entre 2015 et 2019. Cependant, certains segments restent vulnérables à l'inflation des coûts des intrants. Par exemple, aux États-Unis, alors que les prix à la production du bois d'œuvre ont rebondi de près de 7 % en glissement annuel au premier semestre 2025, les prix des produits de menuiserie sont restés stables et ceux du contreplaqué ont même reculé (-2%).

Dernière mise à jour : octobre 2025

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