Les études économiques et analyses risques pays et risques sectoriels Coface
Papier

Papier

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Asie-Pacifique
Europe centrale et de l'est
Amérique Latine
Moy-Orient & Turquie
Amérique du Nord
Europe de l'Ouest
Changer de secteur

Forces

  • Caractère durable et recyclable du papier
  • Utilisation croissante du papier d’emballage en raison du développement de l’e-commerce et du déclin de l’utilisation de plastique
  • Forte demande émanant d’Asie

Faiblesses

  • Substitution progressive du papier graphique par des supports digitaux compte tenu de l’utilisation croissante des technologies numériques
  • Problématiques environnementales (déforestation)

Appréciation du risque

Synthèse de l’appréciation du risque

Dans le cadre de sa méthodologie d’évaluation du risque sectoriel, Coface inclut deux segments dans l’analyse du secteur du papier : le papier graphique et le papier d’emballage. Les tendances des deux segments s’étaient nettement distinguées pendant la crise. Le papier graphique, avait été assez fortement impacté, en grande partie car les fermetures d’entreprises et d’écoles avaient très significativement diminué les besoins en papier d’impression. Avant la pandémie, son utilisation avait commencé à décliner au rythme de la digitalisation progressive de l’économie mondiale. A l’inverse, le papier d’emballage avait pu profiter de la forte croissance du e-commerce et donc d’une accentuation des activités de livraison dans le monde mais aussi des produits en papier pour l’hygiène personnelle (masques chirurgicaux, lingettes désinfectantes, serviettes en papier jetables et autres produits d’hygiène connexes).

 
Les deux segments ont pourtant retrouvé une tendance générale depuis 2021, qui se poursuivra en 2022, et n’ont pas été épargné par les pénuries. En effet, de janvier à septembre 2021, la production de papiers graphiques a augmenté de 6,9% en glissement annuel, et le papier d’emballage, de 9,8%, afin de répondre à la reprise de l’économie mondiale, notamment en impression, cartons et packaging. Néanmoins, la production totale devrait rester inférieure au niveau d’avant crise. Les prix ont également explosé sur les deux segments, conséquence de la hausse du prix de la pâte de papier (+60% sur un an) et la hausse du prix du carton (+30% sur un an). D’autres facteurs sont également à prendre en compte pour expliquer la hausse du prix du papier : l’augmentation mondiale des coûts de transformation et de distribution, la hausse des prix de l’énergie, des produits chimiques, de l’amidon et des conteneurs (+350% en septembre 2021 sur un an).

 

PULPE DE BOIS, INDICE DE PRIX (100 = 1982)
COFA_GDR_2022_Graph_Papier_FR
Analyse approfondie du secteur
Hausse des prix généralisée dans le secteur, principalement tiré par la flambée du prix de la pâte de papier…

Les deux segments qui composent le secteur du papier, n’ont pas été épargnés par la reprise de l’économie mondiale, principalement via la demande globale. La consommation de papier a alors fortement rebondi dès la reprise de l’économie, et cela s’est ressenti dans les prix des matières qui le composent. Les cartons d’emballage, gobelets ou mouchoirs sont produits à base de pâte à papier vierge ou recyclée, elle-même fabriquée à partir de fibres végétales ou de vieux papiers, dont le prix a été très volatile en 2021, et devrait rester à des niveaux élevés en 2022, et cela dans tous les principaux pays producteurs de pâte à papier (Brésil, Chine, Allemagne, Canada…).

 
C’est en Chine que l’augmentation a été la plus flagrante: En 2020, la tonne valait 600 dollars pour une qualité standard de référence, fin 2021, elle était autour des 1 000 dollars. Depuis janvier 2021, le pays a décidé de ne plus importer de vieux papiers à recycler et achète directement de la pâte, ou de la pâte recyclée, ce qui contribue à la hausse des prix.

 

…mais aussi par la hausse des prix de l’énergie et du transport maritime

Le secteur du papier n’a pas été épargné par les hausses des prix de l’énergie, et des containeurs. En effet, certaines usines de papiers n’ont pas couvert leurs achats d’énergie et notamment d’électricité (+30% environ en 2021 et une nouvelle hausse de 12% est à attendre en 2022 selon l’entreprise Engie), et sont alors soumises à la hausse des prix du secteur, et répercutent cette augmentation sur leurs prix. Pourtant, il est à noter que de plus en plus de producteurs de papier tendent à améliorer leur consommation énergétique et se tournent vers l’utilisation de biomasses renouvelables depuis de nombreuses années (autour de 50% de l’énergie utilisée dans le secteur du papier).

 
De plus, les approvisionnements de papier sont fortement dépendants des prix du transport maritime. En effet, une grande partie de l’approvisionnement en pâte à papier au niveau mondial est fait par bateau en provenance d’Amérique du Sud et d’Asie. Cependant, les coûts du transport du fret et les prix des conteneurs de 40 pieds (environ 12 mètres) se sont aussi envolés depuis 2021, du fait de la reprise de la demande globale, en particulier dans les grosses économies, après avoir été en pause pendant de nombreux mois, et du fait d’un temps de chargement/déchargement des navires accrues dans les ports, suite aux mesure prises pour endiguer la progression de la COVID-19. En octobre 2020, le coût moyen de location d’un containeur à l'échelle du globe était d'environ 2240 dollars contre 9950 fin 2021. Les producteurs de pâte de papiers ont alors vite alerté des potentielles explosions de prix de la principale composante du papier, mais aussi des potentiels retards de livraisons, du fait de la pénurie des moyens de transports.

 

La hausse du e-commerce, intensifiée depuis la crise liée à la COVID-19, se poursuit et bénéficie au papier d’emballage

Lors de la pandémie de COVID-19, le papier d’emballage avait largement bénéficié de la hausse du e-commerce, suite aux fermetures des commerces. D’après la Conférence des nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), en 2020, la hausse spectaculaire des ventes en ligne avait fait passer la part des ventes en ligne à 19% de la totalité des ventes au détail au niveau mondial, contre 16% des ventes au détail l’année d’avant. Depuis, les habitudes des consommateurs se sont largement maintenues, comme l’illustre la hausse des bénéfices de l’entreprise américaine Amazon au T2 2021 (+48% par rapport à l’an dernier, ce chiffre tenant compte de l’explosion du e-commerce, qui compte pour 67% des revenus de l’entreprise mais aussi de la croissance des ventes de services de cloud proposés via AWS).

 
Cette hausse du e-commerce a aussi bien concerné des produits d’épicerie et d’hygiène mais aussi par exemple la livraison de denrées alimentaires sur des plateformes en ligne. En effet, en 2021 et 2022, les consommateurs assistent à l’émergence de nouvelles applications mobiles permettant la livraison de courses à domicile, dans des délais très courts (moins de 15 minutes) comme « Cajoo » ou encore « Flink », qui viennent s’ajouter aux restaurants proposants des formules à emporter via « Uber Eats » ou « Deliveroo ». Cela a favorisé largement l’utilisation de papier d’emballage. De plus, ce type de restauration utilise une importante quantité d’emballage papier (sac en papier, barquette, etc). Les boîtes, pailles et sacs en papier ainsi que de manière générale, les papiers d’emballage alimentaires, sont de nature à devenir de nouveaux moteurs de croissance pour l’industrie du papier.

 
Cette hausse des ventes en ligne a donc grandement favorisé l’industrie de l’emballage. Plus spécifiquement, les emballages en carton ondulé ont vu leurs ventes augmenter pendant la crise car ils sont essentiels pour le transport des aliments, des médicaments et du matériel médical mais aussi pour les très nombreuses livraisons de colis destinés aux particuliers. Ainsi, les emballages protecteurs (papier cristal, protection en carton, pochette matelassée, etc) et les emballages en carton traditionnel ont grandement bénéficié de la hausse du e‑commerce et du nombre de colis envoyés dans le monde. En 2022, le papier d’emballage devrait représenter plus de deux tiers du papier consommé.

 

Le papier graphique, segment le plus à risque, voit également sa tendance s’améliorer pour 2022

Suite à l’allègement des restrictions sanitaires et notamment à la réouverture des établissements scolaires, le papier graphique verra sa tendance s’améliorer en 2022. Avant la pandémie, l’utilisation du papier graphique était déjà sur une pente descendante, les outils numériques (liseuses, smartphones, journaux, etc) se substituant aux supports papier. A titre d’exemple, entre 2013 et 2018, la consommation de papier graphique dans les pays de la Commission économique pour l’Europe des Nations unies (CEE‑ONU, qui regroupe l’Europe, l’Amérique du Nord et la Communauté des États indépendants (CEI)) a baissé de 18 %. Malgré cela, fin 2021 et en début 2022, le papier graphique se veut être l’objet d’une pénurie, rendant ainsi l’approvisionnement pour les secteurs de l’édition et de l’impression, compliqué. La demande en papier graphique a augmenté en même temps que la relance des économies mondiales. Entre temps, l’e-commerce a explosé et donc la demande pour le papier d’emballage et carton également. Par exemple, en France, en 2000, la part de la presse et de l’édition représentait 45% de la production de papiers et cartons, contre 45,9 % pour les emballages et conditionnements. En 2020, la production « graphique » est tombée à 17,4 % contre 66,4 %. Le bois a alors été extrêmement sollicité. Si bien que pendant la crise sanitaire, les fournisseurs brésiliens de pâte à papier, qui sont parmi les principaux producteurs au monde, ont saisi cette occasion. Le papier graphique nécessite une transformation qui coûte cher, et les fournisseurs brésiliens ont fait les choix moins couteux de se tourner vers le papier d’emballage. Ainsi, du fait de la pénurie, les papetiers européens (principalement allemands, français et nordiques), dépendant de la pâte de papier, ont très largement étendu les délais pour livrer aux imprimeurs, passant en moyenne de trois à 6 semaines, voire deux mois.  

 

Un secteur soumis aux problématiques environnementales

L’industrie du papier a longtemps été décriée du fait de ses nombreux effets néfastes sur l’environnement (déforestation, fortes émissions de gaz à effet de serre, pollution de sols). Pourtant, aujourd’hui, le secteur s’adapte de plus en plus avec l’émergence de l’utilisation du papier recyclé. De plus, celui-ci se verra fortement challengé par l’objectif soulevé lors de la COP26 d’enrayer la déforestation d’ici à 2030. Enfin, l’utilisation accrue du carton comme alternative au plastique (paille, vaisselle) continuera de bénéficier au papier d’emballage dans les années à venir. Le papier et le carton ont un taux de recyclage de 85 % en Europe contre 40 % pour les emballages plastiques.

 

Dernière mise à jour : février 2021

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